Beyou parmi les grands

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AXEL CAPRON , modifié à
Un quasi grand chelem ! Au terme d'un final haletant qui l'a vu remporter la quatrième étape à Dieppe avec 12 secondes d'avance sur Paul Meilhat et 28 sur Fabien Delahaye, Jérémie Beyou a gagné pour la deuxième fois (après 2005) la Solitaire du Figaro. Quatrième de la première étape, vainqueur des trois suivantes, le skipper de BPI a régné sans partage sur la classique aoûtienne, le Vendée Globe lui tend les bras.

Un quasi grand chelem ! Au terme d'un final haletant qui l'a vu remporter la quatrième étape à Dieppe avec 12 secondes d'avance sur Paul Meilhat et 28 sur Fabien Delahaye, Jérémie Beyou a gagné pour la deuxième fois (après 2005) la Solitaire du Figaro. Quatrième de la première étape, vainqueur des trois suivantes, le skipper de BPI a régné sans partage sur la classique aoûtienne, le Vendée Globe lui tend les bras. "Je me suis donné les moyens de préparer ça comme il faut." Avant de s'élancer fin juillet de Perros-Guirec pour sa 12e Solitaire fin juillet, Jérémie Beyou ne cachait pas son envie d'en découdre, lui qui, en l'absence de partenaire désireux de l'accompagner sur le prochain Vendée Globe, avait décidé d'axer toute sa saison sur ce Figaro, qu'il avait déjà gagné en 2005, ce qui lui avait alors ouvert les portes du tour du monde en solitaire (abandon sur Delta Dore). Confiant "ne craindre personne", le skipper de BPI a mis des faits derrière ces mots, qui pouvaient alors paraître présomptueux à certains, remportant de main de maître cette édition 2011 qu'il aura écrasée de sa classe. Comme l'an dernier Armel Le Cléac'h, avec lequel il a d'ailleurs tiré ses premiers bords en Baie de Morlaix, Jérémie Beyou, comme touché par la grâce, a en effet offert une véritable démonstration de Perros-Guirec à Dieppe en passant par Caen et Dun Laoghaire, remportant trois étapes sur quatre, seule la première lui échappant (quatrième place) au profit de Fabien Delahaye, magnifique deuxième au général, et qui, jusqu'au bout, lui aura tenu la dragée haute, puisque le skipper de Port de Caen-Ouistreham, vainqueur de la première étape, finit l'ultime parcours en troisième position, avec seulement 28 secondes de retard sur le Finistérien. Le final sous spi au pied des falaises normandes aura offert un grand spectacle, Jérémie Beyou ne passant Paul Meilhat (Macif 2011) qu'à l'approche de la ligne pour ne l'emporter que de 12 secondes, Fabien Delahaye et Erwan Tabarly (qui en profite pour monter sur le podium final) terminant à 28 et 35 secondes ! "Je n'étais pas parti pour la gagner, j'avais juste fait attention à assurer ma première place au général et à garder Fabien derrière moi, commentera à l'arrivée le héros du jour. A un moment, quand je me suis dit que la Solitaire était dans la poche, ça a fit tilt, je me suis dit qu'il y avait une petite régate à gagner, et avec de la réussite, ça l'a fait, j'ai eu vraiment beaucoup de chance." Delahaye: "Jérémie ? Impérial !" La chance sourit aux audacieux et on peut dire que sur cette Solitaire 2011, Jérémie Beyou aura frôlé le plus que parfait, devenant le onzième marin à s'imposer pour la deuxième fois sur la classique aoûtienne, un exploit pour un skipper de 35 ans, arrivé sur cette Solitaire le mors aux dents et préparé comme jamais. "Je me doutais bien que le garçon avait tout fait pour viser cette victoire, ça se sentait dans les épreuves d'avant-saison, commentait, admiratif, Jacques Caraës, le directeur de course, à l'arrivée de BPI au ponton. Même à terre, il était dans sa bulle, je n'ai jamais vu un moment de relâche. Et en mer, il a fait preuve d'une maîtrise parfaite, il a fait une course d'intelligence. C'est très rare de gagner trois étapes sur quatre, c'est exceptionnel, et la dernière, chapeau ! Il a réussi à la gagner tout en maîtrisant Fabien." Un Fabien Delahaye lui aussi bluffé: "Jérémie ? Impérial. De la maîtrise et surtout de la vitesse. C'est ce que j'ai vu sur cette étape-là: à chaque fois que j'arrivais à prendre un peu l'ascendant et à passer devant lui, il allait super vite au reaching (vent de travers, ndlr). On en a eu beaucoup sur cette Solitaire, il allait beaucoup plus vite, je ne sais pas pourquoi, il va falloir que j'arrive à comprendre." Sans doute l'expérience, que n'a sans doute pas fini d'acquérir le dauphin de Jérémie Beyou, mais aussi la motivation de prouver à ceux qui l'avaient trop vite enterré après deux éditions plus "en dedans" (7e en 2010, 14e en 2009), car moins préparées, que le talent était intact. "Quand je suis revenu en 2009 (après la parenthèse Vendée Globe, ndlr) et que j'ai dit à Bernard Paoli (son partenaire, ndlr) que j'allais la gagner, ce n'étaient que des mots. Depuis, il y a eu un paquet de boulot, je suis super fier de ça: dire qu'on revient pour gagner et arriver à le faire, ça restera une fierté." Et un tremplin pour le prochain Vendée Globe ? "Normalement, oui, ça serait pas de bol de ne pas être au Vendée. J'ai la gniaque, j'ai envie de bien faire et je sais faire. Et puis, on parle bien de sport, non ? Dans d'autres sports, les mecs qui plantent des buts ne restent pas chez eux dans le canapé, donc oui, ce serait bien que j'y sois, il ne manque plus que les partenaires et on fera aussi bien au Vendée Globe 2012 que sur le Figaro." La bouteille à la mer est lancée...