Bernard: "Ça fait partie du jeu..."

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
Méconnaissable à Chartres, lors des championnats de France en petit bassin, Alain Bernard ne s'en formalise pas, conscient que sa méforme n'est que ponctuelle et liée au très lourd travail fourni en début de saison. Surtout qu'il a les moyens de rebondir dès les Mondiaux de Dubaï la semaine prochaine. Mais l'Antibois voit plus loin, le regard déjà fixé sur Shanghai l'été prochain et Londres en 2012.

Méconnaissable à Chartres, lors des championnats de France en petit bassin, Alain Bernard ne s'en formalise pas, conscient que sa méforme n'est que ponctuelle et liée au très lourd travail fourni en début de saison. Surtout qu'il a les moyens de rebondir dès les Mondiaux de Dubaï la semaine prochaine. Mais l'Antibois voit plus loin, le regard déjà fixé sur Shanghai l'été prochain et Londres en 2012. Alain, une élimination en séries du 50 m et une 5e place en finale du 100 m: pour le profane, vos championnats de France à Chartres ont dû sembler bien quelconques. Ce n'était pas important à vos yeux ? Ce n'est pas que ce n'est pas une étape importante. Pour moi, chaque étape a son importance et le parcours qui me reste à accomplir est justement composé de plusieurs étapes. Je ne dois rien négliger, que ce soit un championnat de France, un petit meeting régional ou quoi que ce soit d'autre. Il faut que j'arrive à m'investir et à m'impliquer dans chaque sortie pour pouvoir en tirer quelque chose de cohérent. Maintenant, il est vrai qu'une simple participation suffit selon les critères de la Fédération, mais je n'ai pas envie de m'arrêter là. Si la Fédération ne vous y avait pas obligé, seriez-vous malgré tout venu à Chartres ? Impossible de répondre maintenant, mais c'est fort probable qu'on ne serait pas venus, oui. Est-ce que c'est compliqué pour vous d'être obligé de se présenter sans réel objectif, mais de devoir nager au plus haut niveau parce que vous êtes plusieurs Français au meilleur niveau mondial et que c'est digne d'une finale internationale ? Oui, mais je pense que ça fait partie du jeu. Ça, il faut l'accepter parce que c'est ainsi, je ne vais pas y aller avec un peu d'hésitation parce qu'alors là, je me ferai tordre en deux quoi qu'il arrive. Le tout, c'est que j'y vais confiant, serein, pour produire le meilleur dont je suis capable à ce moment précis. Ça peut être moins bien que dans une dizaine de jours ou mieux, mais en termes d'investissement, ça doit être au maximum. "Il faut savoir être patient pour être plus fort plus tard" Même si elle n'est pas terminée, que retenez-vous de cette première partie de saison, que vous aviez zappé l'an dernier ? Ce que j'en retiens, c'est qu'on a travaillé vraiment dur et quoi qu'il arrive dans les prochains jours, d'ici la fin du mois, ça, on ne me l'enlèvera pas et ça ne pourra m'être que bénéfique pour le mois de mars (les championnats de France grand bassin, du 23 au 27 mars 2011, ndlr). Même si j'ai été forcément déçu à un moment ou à un autre, à Stockholm (éliminé en séries du 100 m et 7e du 50 m lors de la manche de Coupe du monde, ndlr) ou dans des compétitions sur lesquelles je n'ai pas nagé aussi vite que je le voulais, mais il faut savoir ce qu'on veut, il faut savoir être patient pour être plus fort plus tard. C'est le plus dur. On apprend chaque année, tous les jours, à être patient pour être fort au bon moment. Pour moi, l'année dernière était vraiment un défi. Il y a un an, jour pour jour, je devais avoir un tiers des entraînements à mon actif par rapport à cette année et je me doutais que ça pourrait avoir des répercussions plus tard sur ma saison. Et malgré tout, je me suis qualifié aux championnats de France selon les critères, j'ai répondu présent, je suis allé à Budapest et je suis devenu champion d'Europe. On peut dire ce qu'on veut, je me suis pris au jeu... Heureusement, par chance, ou par ma volonté j'ai envie de dire, j'ai été Champion d'Europe et ça a été un peu plus facile de repartir en ce début de saison. En arrivant à Chartres, vous évoquiez les choses cohérentes que vous recherchez actuellement. Quelles sont-elles exactement ? C'est une question d'efficacité de nage, de sensations, de glisse, de relâchement, c'est un peu tout ça mélangé parce que les dernières semaines ont été assez difficiles. Mais malgré tout, on n'a pas chômé depuis la rentrée, ça a été très, très productif. Il faut savoir attendre la "surcompensation" pour pouvoir exploser, se sentir réellement explosif et vraiment d'attaque. Là, je suis encore dans une phase en eaux troubles, mais ça s'éclaircit de plus en plus. Qu'est-ce qu'ils ont de plus que vous, les spécialistes du petit bain ? Je ne sais pas, mais ils ont peut-être des choses en moins. La nage leur correspond sans doute mieux en petit bassin parce que ce sont des modalités différentes ; pourtant, on ne le néglige pas depuis des années et ça m'a permis d'être fort en grand bassin, mais je pense que ceux qui sont forts en petit bassin préféraient l'être en grand bain. Et ça, malheureusement, on ne choisit pas. Quels seront vos objectifs à Dubaï ? Mes objectifs, ils sont clairement définis, à savoir réaliser mes meilleurs temps. Je ne nagerai pas le 50 m puisque je ne suis pas qualifié, mais il y a en revanche le 100 m et le relais, donc essayer d'y faire mon maximum. La concurrence, je n'essaie pas de ne pas y penser ou de ne pas m'attarder dessus parce que la concurrence, elle est omniprésente. Et il y aura vraiment des spécialistes de petit bassin. On a vu certains nager relativement vite en ce début de saison, mais on est dans une phase de préparation complètement différente et l'objectif de la saison est vraiment différent pour chacun des nageurs des pays concernés. D'où l'importance de rester vraiment concentré sur moi.