Bercy, centre du monde

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Michaël BALCAEN , modifié à
L'équipe de France aborde les championnats du monde, dans son antre de Bercy, avec une ambition énorme. Si les têtes d'affiche que sont Teddy Riner (+100 kg), Lucie Décosse (-70 kg) ou Gévrise Emane (-63 kg) seront attendues pour le titre suprême, une médaille sera envisageable dans chaque catégorie. Avec l'appui sans faille du public, les Bleus, qui résideront à Marcoussis pendant la compétition, rêvent du carton plein.

L'équipe de France aborde les championnats du monde, dans son antre de Bercy, avec une ambition énorme. Si les têtes d'affiche que sont Teddy Riner (+100 kg), Lucie Décosse (-70 kg) ou Gévrise Emane (-63 kg) seront attendues pour le titre suprême, une médaille sera envisageable dans chaque catégorie. Avec l'appui sans faille du public, les Bleus, qui résideront à Marcoussis pendant la compétition, rêvent du carton plein. La France ne sait pas recevoir. Ça fait même des mois que les judokas tricolores peaufinent la réception du monde du judo, à Bercy du 23 au 28 août, avec la ferme intention de ne pas faire le moindre cadeau. L'armada tricolore a travaillé très dur en ce sens, et ne rêve évidemment pas de partage. Du moins pas sur les tatamis. Briller à domicile et obtenir une breloque, l'idée leur trotte dans la tête depuis trop longtemps pour laisser filer la moindre opportunité. "Les "Monde" à Paris, ça fait rêver, reconnaît Anne-Sophie Mondière. C'est une vraie chance de pouvoir évoluer devant le public de Bercy. En général, le POPB est plein et c'est vraiment extraordinaire." Afin de briller à Paris, les Bleus ont trimé tout l'été, multipliant les stages ou en choisissant par exemple le Centre national du rugby à Marcoussis pendant la durée des championnats du monde, afin d'éviter aux athlètes de subir les mauvais côtés de la pression et de leur permettre d'arriver au top. "On espère beaucoup de médailles, et de l'or, j'en suis sûr, plaide Jean-Claude Senaud, le directeur technique national. Il y aura une grosse concurrence mais on va relever le défi." De fait, avec plus de 900 athlètes et 110 nations représentées, les Tricolores ne seront pas seuls... Une concurrence plus forte que jamais, qui ne fera cependant pas reculer une équipe de France forte de très grosses chances, mais également de l'appui du public. "Les locaux ont toujours davantage de réussite, on le voit tout le temps", glisse ainsi Ugo Legrand, un temps en délicatesse avec une épaule mais qui arrive pleinement remis et prêt à en découdre. Un 5e titre record pour Riner ? Un Bercy chauvin et plein à craquer, que les Bleus n'ont pas peur de prendre en pleine tête comme un boomerang lancé à pleine vitesse. "Pour moi, la pression, c'est un boost plus qu'autre chose, explique en effet Automne Pavia. Je l'ai déjà vécue au Tournoi de Paris, avec un Bercy plein et avec la présence de la famille et des amis. On se dit qu'on n'est pas seule, et ça compte dans les moments difficiles". Une Pavia déjà reine à Bercy, dans ce Tournoi de Paris que l'on dit le plus relevé du monde, même s'il manquait une Matsumoto qu'elle n'a pas encore épinglée à son tableau de chasse. Depuis plusieurs mois, de l'annonce de la ville hôte à J-100 en passant par les diverses rencontres avec la presse, les Bleus n'ont pas arrêté de mentionner Bercy comme un point central. C'est le cas de tous, y compris d'une Lucie Décosse qui a deux objectifs en tête, avec Bercy et Londres en 2012. Reine de la catégorie des -70 kg, la Guyanaise sait faire valser ses adversaires comme personne. "Je sais que je suis attendue à Paris, il y aura de la pression car tout le monde pense que je vais gagner, reconnaît-elle. Je le prends comme un défi, je suis numéro 1 à la ranking list, à moi d'aller chercher ce titre dans un Bercy plein." Emane a remporté le titre mondial au Japon et défendra donc son titre, dans une antre qu'elle maîtrise parfaitement puisqu'elle détient le record de victoires à Bercy, avec sept succès au Tournoi de Paris. Une grande chance de médaille donc, comme c'est le cas de l'infatigable Frédérique Jossinet (-48 kg), qui aura comme bien souvent l'opportunité de lancer les Bleus sur de bons rails. Elle ne sera pas seule, avec Pénélope Bonna, championne d'Europe en titre (-52 kg), ou encore les duettistes Lucie Louette-Audrey Tcheuméo dans une catégorie des -78 kg qui devient de plus en plus bleue... Et puis, assurément, ces Mondiaux devraient être ceux d'un Teddy Riner reparti très frustré de Tokyo, alors qu'un cinquième titre mondial lui tendait déjà les bras. Une décision discutable en a décidé autrement, lui apportant ce surcroît de motivation que Daiki Kamikawa (titré chez lui en toutes catégories face à Riner) a pu goûter lors du dernier Tournoi de Bercy. "Je suis pressé d'y être, avoue le colosse guadeloupéen. Ils pensent tous pouvoir m'inquiéter mais je ne sous-estime personne, il faut que je garde un temps d'avance sur la concurrence. A Paris, il y a les amis, la famille, tu es chez toi, il faut donner tout ce que tu as. C'est presque plus important que les Jeux olympiques." Ce devrait être la folie Riner, et ce fameux record de titres chez les poids lourds à portée de tatami. "C'est excitant, d'autant que je suis à égalité avec de grands noms du judo et que je peux les dépasser. Quand je compare mon âge et le nombre de médailles, je me dis que ça peut être bien", glisse-t-il, déjà souriant. Un mauvais présage pour la concurrence...