Bartoli: "Je me surprends"

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Propos recueillis par KRYSTEL ROCHE , modifié à
La haine de la défaite. Voilà pourquoi Marion Bartoli n'a pas craqué samedi devant Flavia Pennetta, selon les dires de la Française qui affrontera Serena Williams en huitièmes de finale à Wimbledon. Espérant profiter du dimanche pour recharger les batteries, la Française a conscience qu'elle peut bousculer l'Américaine, et même un peu plus.

La haine de la défaite. Voilà pourquoi Marion Bartoli n'a pas craqué samedi devant Flavia Pennetta, selon les dires de la Française qui affrontera Serena Williams en huitièmes de finale à Wimbledon. Espérant profiter du dimanche pour recharger les batteries, la Française a conscience qu'elle peut bousculer l'Américaine, et même un peu plus. Marion, vous avez obtenu votre revanche (après avoir été battue par Francesca Schiavone à Roland Garros, Marion Bartoli s'est aujourd'hui défaite d'une autre Italienne, Flavia Pennetta, ndlr). Et remporté ce match à l'arraché... une nouvelle fois ! La grosse différence par rapport à hier (vendredi), ça a été le niveau de jeu. Il était extrêmement élevé, des deux côtés. Et même si j'avais perdu ce match, je n'aurais pas eu de regrets, car ça s'est joué à très peu. On a fait de très beaux points. C'est l'un des meilleurs matches que j'ai joués ici, si ce n'est le meilleur. Et Flavia a été fantastique ! Pour obtenir ce genre de match, il faut que les deux joueuses soient vraiment à leur maximum. Vu l'enthousiasme du public, je pense que les gens ont apprécié. J'ai réussi à sortir gagnante, mais très honnêtement, j'aurais tout aussi bien pu perdre... Où puisez-vous les ressources mentales pour revenir d'aussi loin ? En fait, je ne pense pas vraiment à perdre. C'est peut-être ce qui fait la différence : j'y crois toujours jusqu'au bout. A vrai dire, je n'envisage pas la défaite ! J'essaye toujours de trouver la solution, même si c'est au dernier moment, même si c'est juste, même si ça passe de très peu. Je me bats jusqu'au bout. Je pense que Flavia était assez nerveuse, et ce même quand elle menait : elle ne se sentait pas à l'aise et enchaînait très vite les points pour ne pas penser au score. Vous surprenez-vous ? En ce moment, honnêtement, oui ! Je ne pensais pas avoir de pareilles ressources en moi, mais c'est bien d'arriver à les trouver. On n'arrive jamais à s'auto-évaluer à la bonne mesure. Avoir fait ce parcours à Roland Garros m'a aidée à prendre conscience de ce que j'avais en moi, de ce j'étais capable de faire sur un court. J'ai gagné Eastbourne, je suis en 2e semaine ici... Donc je me surprends... plutôt dans le bon sens (sourire). Que s'est-il passé avec vos parents ? Ils en ont pris tous les deux pour leur grade... Je me suis excusée à la fin du match. Je n'avais rien contre eux, mais depuis hier, je ne me sens pas bien, j'ai des crampes d'estomac, bref je ne suis pas dans une forme olympique. Il fallait que j'évacue ma frustration d'une manière ou d'une autre, donc j'aurais pu casser une raquette, taper dans mon sac, faire quelque chose de totalement stupide. Il s'est avéré que j''ai demandé à mes parents de partir, mais ils m'ont dit qu'ils avaient suivi la fin du match à la télé, qu'ils étaient très fiers de moi et que c'était l'un des meilleurs matches qu'ils m'aient vu jouer. J'aurais pu éviter de m'emporter de la sorte, mais cela fait aussi partie de mon caractère, et c'est peut-être aussi grâce à ça que j'arrive à trouver des ressources inattendues. "Si je commence à regarder Serena..." Au prochain tour, vous vous frotterez à Serena Williams ... C'est bien sûr le challenge ultime de jouer Serena ou Venus, ici, à Wimbledon. Mais je pense que si j'arrive à entrer sur le court avec le même état d'esprit, la même attitude, la même combativité, j'aurais au moins une chance de faire quelque chose. On verra ce que ça donnera, mais il ne faut surtout pas que j'arrive battue d'avance, sinon elle me marchera dessus. Il faut que j'y croie, que je me repose demain (dimanche). Je pense en tout cas avoir les ressources nécessaires pour faire quelque chose de sympa face à Serena. Qu'est-ce qui est si compliqué face à elle ? Tout. C'est une excellente relanceuse, elle sert également très fort... et ne lâche jamais ! Contre Serena, ce n'est jamais fini, jamais gagné. Et c'est souvent dans les situations les plus tendues qu'elle pratique son meilleur tennis. Forcément, ce sera dur... Il faudra aussi éviter de ne la voir que comme une simple « revenante » Honnêtement, si je veux arriver à gagner le match, il faudra que je me concentre beaucoup sur moi-même et sur ce que j'ai à faire plutôt que de regarder de l'autre côté du filet... Car si je commence à regarder Serena, avec tous les titres qu'elle a gagnés ici etc... je vais plus regarder passer les balles que les toucher ! Il faudra donc que je me batte avec la même attitude, en pensant que je peux gagner ce match. Ne surtout pas entrer sur le terrain en regardant par terre et en pensant que je suis battue avant même d'avoir démarré la partie. Vous semblez admirative des Williams, à Serena en particulier... J'ai du respect pour elle, bien sûr. Mais ce sera mon adversaire lundi, il faudra mettre ça de côté et arriver avec une attitude de vainqueur, ne pas simplement la regarder. Bien sûr qu'elle me proposera un challenge dur à relever. Encore une fois, il faudra que j'entre sur le terrain avec la ferme intention d'y arriver. Quelques mots sur ce « day off », propre à Wimbledon ? Je pense que je vais l'apprécier ! (sourire) Ce dimanche off fait partie de la tradition. Tout le monde se repose, il n'y a pas de stress, on peut faire les courses, prendre un café tranquille... On a l'impression d'être un peu comme à la maison, de prendre le week-end avant de réattaquer la semaine ! (sourire) C'est quelque chose de sympa, tout le monde se retrouve dans Wimbledon Village, ça fait « « petit village de vacances », c'est rigolo. Pour être honnête avec vous, je ne pense pas truster les courts d'entraînement ce dimanche... Mais l'ambiance est effectivement très relax ce jour-là : tout le monde s'entraîne de manière légère, essaye de recharger les batteries pour arriver en 2e semaine avec le plus de fraîcheur possible. Car en 2e semaine, c'est vraiment un autre tournoi qui démarre.