Baby: "Je veux être heureux"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
Il aura suffi d'une entrée en jeu avec les Barbarians il y a quinze jours face aux Tonga pour constater qu'à 27 ans, Benoît Baby, malgré les blessures et les vicissitudes d'une carrière contrariée, conservait un talent intact, capable de faire basculer un match. En fin de contrat à Clermont, le trois-quarts centre, titulaire face à Toulouse le week-end passé, espère rattraper le temps perdu à l'occasion de la double confrontation de ce mois de décembre face aux Irlandais du Leinster.

Il aura suffi d'une entrée en jeu avec les Barbarians il y a quinze jours face aux Tonga pour constater qu'à 27 ans, Benoît Baby, malgré les blessures et les vicissitudes d'une carrière contrariée, conservait un talent intact, capable de faire basculer un match. En fin de contrat à Clermont, le trois-quarts centre, titulaire face à Toulouse le week-end passé, espère rattraper le temps perdu à l'occasion de la double confrontation de ce mois de décembre face aux Irlandais du Leinster. Benoît, on a le sentiment que ce match avec les Barbarians à Grenoble face aux Tonga (défaite 28-29) il y a deux semaines vous a vraiment relancé (voir par ailleurs). C'est aussi votre avis ? Il n'y avait pas vraiment de consignes de la part de Guy Novès (entraîneur des Baa-Baas ce jour-là), si ce n'est celles de se faire plaisir et faire ce qu'on sait faire. Je suis bien physiquement, je me sens de mieux en mieux à chaque jour que je passe sur le terrain. Après, c'est vrai que j'ai passé dix ans à Toulouse, un club où l'on pratique un jeu assez ouvert, je sais très bien comment le Stade joue. Et puis, il faut dire que j'avais la chance d'évoluer ce jour-là aux côtés de grands joueurs (ils étaient sept joueurs toulousains titulaires au coup d'envoi, ndlr), c'est toujours plus facile. Votre performance n'a sans doute pas échappé à Vern Cotter, votre entraîneur, qui dans la foulée vous a offert une titularisation face à... Toulouse et avec un match entier, une première pour vous depuis plus d'un an... Le fait d'enchaîner est essentiel pour n'importe quel joueur. Ensuite, on avait l'intention de réaliser un bon match, de mettre du jeu, ce que l'on sait faire, à savoir du mouvement, un jeu qui me correspond. Après, quatre-vingt minutes, c'est vrai que ça faisait très longtemps que ça ne m'était plus arrivé (depuis le 28 novembre dernier et une victoire de l'ASM 32-3 sur Bourgoin, ndlr). Ça fait toujours plaisir de pouvoir terminer un match et de ne pas être pris de crampes, comme ça a pu être le cas. J'ai bien bossé pendant la trêve internationale pour que mes mollets me laissent tranquilles. Quand tu sais que tu vas affronter le Leinster deux fois, un gros match contre Toulouse, ça met dans le bain. "J'attends des offres de clubs, on verra, ça viendra..." Vous qui avez connu plus que votre part de pépins physiques, n'est-il pas finalement encore plus frustrant de ne pas jouer sur un choix de l'entraîneur plutôt qu'à cause d'une blessure ? C'est difficile à dire... Déjà quand on est blessé, on le vit mal. On doute toujours parce que tous les autres progressent et avancent quand vous vous régressez, c'est moralement difficile à vivre. Avec le risque de précipiter les choses pour revenir. Le choix du coach, il est difficile à vivre parce qu'on se sent bien physiquement, on arrive à faire de bonnes choses à l'entraînement, mais on ne peut pas le démontrer sur le terrain. Il y a le doute quand la blessure est là et plutôt de la frustration quand on n'est pas choisi pour jouer le week-end. Le degré de concurrence au sein des lignes arrière à Clermont est tel qu'il ne pardonne pas les éclipses. Votre désir d'enchaîner sur cette seconde moitié de saison est, on l'imagine, énorme... Clermont, c'est presque une sélection, mais aujourd'hui, c'est le cas quasiment dans tous les clubs de très haut niveau. Il faut se faire sa place, savoir rentrer dans les systèmes et faire les bons choix sur le terrain, après, c'est le coach qui décide. On ne peut pas critiquer tant que ça marche, il faut savoir l'accepter. Enchaîner, oui, j'espère le faire sur les six mois qui arrivent, continuer à progresser et à me faire plaisir, à réaliser de belles choses sur le terrain. Pour le reste, j'attends des offres de clubs, on verra, ça viendra. A 27 ans, vous avez encore de belles choses à réaliser et de belles années devant vous... Ces 35 minutes avec les Baa-Baas m'ont fait beaucoup de bien parce que j'ai senti surtout que physiquement, ça revenait très bien. J'avais besoin de tenter des choses, de n'avoir aucune appréhension à les tenter et d'avoir pu le faire librement, ça m'a redonné le plaisir de jouer et d'avoir envie d'y rester le plus longtemps possible, peut-être tous les week-ends. Par la qualité de ses lancements de jeu et la densité de son jeu d'attaque, on compare souvent le Leinster, qui barre à nouveau le chemin de Clermont, aux Wallabies. Votre avis ? Ils possèdent des joueurs de grande classe, quand tu joues l'équipe du Leinster, tu joues la ligne de trois-quarts de l'équipe d'Irlande, l'une des meilleures lignes d'attaque du monde. Ce sont des joueurs créateurs, avec de la vitesse, capables de tout et n'importe quand. De ce point de vue-là, la comparaison n'est pas mauvaise en effet. "Un rêve d'aller jouer une Coupe du monde de rugby dans le pays, où on le joue le mieux" Appréhendez-vous la capacité de votre ancien entraîneur des lignes arrière à Clermont, Jo Schmidt, à lire votre jeu lors de ces deux confrontations à venir (lire: L'ASM à livre ouvert) ? Il nous a entraînés durant trois ans, donc c'est sûr qu'il connaît notre système de jeu sur le bout des doigts. Il sait comment on joue, comment on réagit aux situations, surtout nous derrière, parce que lorsqu'on est coach, on finit par connaître parfaitement ses joueurs. Donc à nous non seulement de jouer le jeu de l'ASM, mais aussi d'être plus créatifs et de la surprendre, de lui montrer qu'on sait produire autre chose. Lui montrer que le French flair nous appartient encore. A moins de neuf mois désormais de la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, est-ce qu'il y a encore une place dans votre esprit pour l'équipe de France (il y a 18 mois, il était titulaire à l'ouverture des Bleus face au Pays de Galles, à Paris 21-16, ndlr) ? Oh, j'ai toujours pensé à l'équipe de France, c'est un rêve que d'aller jouer une Coupe du monde de rugby dans le pays, où on le joue le mieux. C'est toujours excitant, mais il y a un mois et demi, je n'existais plus, je recommence à peine à ressortir du chapeau. Je vais bosser pour être le plus performant en club, si ça plaît aux sélectionneurs, ils feront leur choix, en tout cas, je ne dénigrerai personne. Je ferai tout pour y être, mais je ne suis pas décideur. De ce qu'en dit le sélectionneur, c'est derrière, où ils ont le plus de difficultés à faire l'équipe, donc ça peut laisser quelques possibilités. Certains absents ont marqué des points, suite à cette défaite de l'équipe de France, d'autres présents le seront encore après, il ne faut non plus tout jeter, mais s'il y a une petite place, je la prendrai. Pour le moment, je veux être heureux et surtout jouer au rugby avec l'ASM.