Armstrong : le peloton est partagé

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DOPAGE - Plusieurs coureurs, anciens ou actuels, ont réagi à la décision de l'UCI contre Armstrong.

L'Union cycliste internationale (UCI) a décidé lundi de suivre les recommandations de l'agence américaine antidopage (Usada) et de priver Lance Armstrong de l’ensemble de son palmarès acquis après août 1998, dont ses sept Tours de France. Cette décision, très attendue, a été largement commentée dans le monde du cyclisme.

"Armstrong, c'est du passé." Pour certains, Lance Armstrong incarne une autre époque, un "passé qui ne passe pas" et qui vient éclabousser une dernière fois (vraiment ?) le monde du cyclisme. Ce sentiment peut aller avec l'envie de voir la lutte antidopage progresser, comme le souhaite le coureur de la FDJ-BigMat, William Bonnet.

"Il n'y a pas de fumée sans feu, c'est la fin d'une époque", a abondé Richard Virenque. "Moi, j'ai vécu l'affaire Festina, on m'a coupé la tête propre et net et après, Armstrong, on l'a mis en avant et rien n'a été fait pour examiner son cas. Et, dix ans après, les équipiers parlent alors que tout le monde s'en est mis plein les poches, c'est de l'hyprocrisie totale."

A deux jours de la présentation du parcours 2013, le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, a quant à lui réaffirmé son envie de ne pas réattribuer les Tours gagnés par Armstrong. "Dans le rapport de l'Usada, il y a une double mise en cause, d'un système et d'une époque. Cette époque doit être marquée par l'absence de vainqueurs."

"En profiter pour faire un grand ménage." A l'instar de son coureur William Bonnet, le manager de la FDJ-BigMat, Marc Madiot,  estime qu'il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin. "C'est une occasion exceptionnelle, unique, de pouvoir refondre complètement l'évolution de ce sport", estime-t-il au micro d'Europe 1. "Cette affaire a fait du dégât mais il en a surtout fait dans le passé. Maintenant, on ne va pas réécrire l'histoire, il faut aller au bout du problème. On le connaît, il est identifié, il s'appelle Ferrari pour l'essentiel en Italie et il y a l'affaire Puerto en Espagne. Tant que tout cela ne sera pas réglé, on ne pourra pas avancer. Il y a des affaires en cours. On ne peut pas s'arrêter à Armstrong, ce serait trop simple et trop facile."

"L'UCI aussi doit payer." Plusieurs coureurs pointent la responsabilité des dirigeants du cyclisme, soupçonnés par les agences antidopages (française, américaine et mondiale) d'avoir fermé les yeux sur les pratiques de Lance Armstrong et ses proches. Quelques coureurs, comme Samuel Dumoulin, vante ainsi les mérites d'une autorité indépendante qui diligenterait les contrôles en lieu et place de l'UCI.

Vainqueur du Tour 2006 après le déclassement de Floyd Landis, Oscar Pereiro a également apporté une voix légèrement discordante. Plutôt que de blâmer Armstrong, il a multiplié les tweets sur la responsabilité de l'UCI. "Et bien, même si je ne peux pas défendre l'indéfendable. Pour moi, c'est un jour triste", explique le coureur espagnol sur sa messagerie Twitter. "Le seul coupable de tout cela, ce sont ces dirigeants qui dirigent ce cirque et n'ont pas réussi à le prendre ! Incompétence !"

"Il reste un grand champion." Riccardo Ricco a été le premier à défendre l'honneur d'Armstrong. Il a été rejoint lundi par le sélectionneur de l'équipe de France, Laurent Jalabert. "Je me demande aujourd'hui comment il a pu remporter sept Tours de France, pour qu'on apprenne maintenant que ce n'était pas normal", a commenté l'ancien leader de la Once. "Quoi qu'il en soit, c'est un immense champion. Il a pu prendre quoi que ce soit, des coureurs de son niveau, il n'y en avait pas tant que ça. C'est quelqu'un qui avait un talent énorme."

"Autant s'en amuser." Et puis, il y a des coureurs qui s'amusent de cette situation, à l'instar du coureur de l'équipe Saur-Sojasun, Jimmy Engoulvent, qui rebondit avec humour sur le déclassement d'Armstrong.