Annecy 2018 a la pression

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Olivier CHAUVET , modifié à
Après un départ difficile, marqué notamment par le retrait d'Edgar Grospiron, la candidature d'Annecy pour les JO 2018 est sur de bons rails. C'est tout du moins ce qu'affirme l'homme d'affaires Charles Beigbeder, désormais à la tête du projet de la préfecture de Haute-Savoie, qui s'apprête à vivre un premier test capital cette semaine avec la visite des sites par la commission d'évaluation du CIO.

Après un départ difficile, marqué notamment par le retrait d'Edgar Grospiron, la candidature d'Annecy pour les JO 2018 est sur de bons rails. C'est tout du moins ce qu'affirme l'homme d'affaires Charles Beigbeder, désormais à la tête du projet de la préfecture de Haute-Savoie, qui s'apprête à vivre un premier test capital cette semaine avec la visite des sites par la commission d'évaluation du CIO. Le départ soudain d'Edgar Grospiron en décembre dernier avait pour beaucoup sonné le glas des ambitions d'Annecy. Déjà en retard par rapport à ses concurrentes, Munich et Pyeongchang, en Corée du Sud, la candidature française à l'organisation des JO 2018 avait pourtant revu sa copie suite aux recommandations du Comité international olympique (CIO), qui reprochait lors du dépôt des candidatures en juin dernier une trop grande dispersion des sites. Mais le retrait du champion olympique d'Albertville, qui avait claqué la porte après s'être vu refuser une augmentation du budget, était venu tout remettre en cause. Pas question de renoncer pour autant. Nommé le 10 janvier dernier à la tête du Groupement d'intérêt public (GIP), qui pilotera désormais le projet, Charles Beigbeder est bien décidé à décrocher le Graal le 6 juillet prochain à Durban, où aura lieu le vote définitif du CIO. "Je suis très heureux d'avoir pris la présidence de cette candidature. En tant qu'entrepreneur, j'aime les défis, les challenges. Nous avons des atouts pour l'emporter à Durban. J'ai accepté cette mission, car je suis un passionné de sport d'hiver, mais je suis aussi pragmatique. Je veux gagner. Je veux fédérer les énergies pour réussir", a confié la semaine dernière l'homme d'affaires, lors d'une conférence de presse organisée au Comité National Olympique et Sportif français (CNOSF). Vidal: "une candidature par les athlètes pour les athlètes" Pour mener à bien sa mission, ce dernier sera secondé par deux vice-présidents issus du mouvement sportif, l'ancien champion olympique de slalom Jean-Pierre Vidal et la Suédoise Pernilla Wyberg, double championne olympique de ski alpin et ex-membre du CIO. Charles Beigbeder travaillera également en collaboration avec Pierre Mirabaud, préfet hors cadre, nouveau directeur général de la candidature à la place d'Edgar Grospiron. Autre nouveauté, les deux membres français du CIO, Guy Drut et Jean-Claude Killy, font dorénavant partie intégrante du board de la candidature. "C'est un signe fort de leur engagement et de leur volonté de nous accompagner dans nos contacts auprès du mouvement Olympique", a précisé Jean-Pierre Vidal, qui a insisté sur le fait qu'Annecy 2018 était "une candidature par les athlètes pour les athlètes". Le budget a également été revu à la hausse avec une rallonge de trois millions d'euros, grâce au soutien de deux nouveaux partenaires, la Caisse des dépôts et le Centre National pour le Développement du Sport. Ainsi, Annecy 2018 dispose désormais de 21 millions d'euros pour aller jusqu'à Durban, ce qui n'empêche pas Charles Beigbeder d'être à la recherche d'autres investisseurs potentiels. Soucieux d'éviter "un déséquilibre entre les dépenses et les recettes", l'entrepreneur balaie d'un revers de main les critiques pour qui l'organisation des JO n'est qu'un gouffre financier. "Certains ont un souvenir douloureux des Jeux de Grenoble et d'Albertville, qui avaient pesé sur la fiscalité locale, mais ça ne sera pas notre cas. Au total, 4,8 milliards d'euros seront investis. C'est une somme énorme, mais nous savons d'ores et déjà que les retombées économiques seront de 1,8 milliard d'euros pour la Haute-Savoie et que cela générera entre 10 et 35.000 emplois. Cela aura donc un impact sur l'économie locale. Par ailleurs, 500 millions d'investissements sont déjà prévus que l'on est les Jeux ou pas". Masseglia: "La situation de challenger est parfois intéressante" Pour mettre tous les atouts de son côté, Annecy 2018 n'hésite pas à pratiquer le lobbying, ce qui a souvent fait défaut aux candidatures françaises. Ainsi, une délégation était présente à Malmö le 30 janvier dernier pour assister à la victoire de la France en finale du Mondial de Handball. De même, Guy Drut était la semaine dernière aux Asian Winter Games au Kazakhstan "pour multiplier les forces et les contacts", selon Jean-Pierre Vidal. Le salon Sport Accord, prévu en avril à Londres, et qui a pour but de promouvoir la communication et la coopération entre les différentes fédérations sportives internationales, sera l'un des grands rendez-vous de l'année pour les trois villes concurrentes. En attendant, Annecy joue très gros cette semaine. La Commission d'évaluation du CIO vient en effet visiter de mardi à samedi les installations prévues ou déjà existantes, désormais regroupées sur deux sites principaux, à Annecy et Chamonix Mont-Blanc. "Nous voulons montrer que nous sommes prêts à accueillir les Jeux", explique Charles Beigbeder. "Nous sommes la première ville à recevoir la commission. Du coup, nous n'avons pas eu beaucoup de temps, mais la bonne nouvelle, c'est qu'à partir du 13 février, nous pourrons passer à autre chose et nous concentrer sur la prochaine étape, notamment toute la partie commerciale". Même constat de la part de Denis Masseglia, le président du CNOSF. "Il faut y aller étape par étape. Tous les éléments sont là pour que cette visite se passe bien. On a pris un peu de retard après l'examen de la commission exécutive en juin 2010, mais on le rattrape progressivement. Nous ne sommes peut-être pas favoris, mais la situation de challenger est parfois intéressante". Il reste six mois à Annecy pour inverser le rapport de force.