Agnel-Bernard, lignes opposées

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LAURENT DUYCK , modifié à
Principaux protagonistes de la polémique sur le relais 4x100 qui a monopolisé l'attention vendredi à la veille de l'Open EDF, Alain Bernard et Yannick Agnel n'ont pas digéré cet épisode de la même manière. Alors que le jeune Niçois remportait avec une fraîcheur retrouvée son 400m, le champion olympique antibois échouait lui dès les séries du 100 mètres.

Principaux protagonistes de la polémique sur le relais 4x100 qui a monopolisé l'attention vendredi à la veille de l'Open EDF, Alain Bernard et Yannick Agnel n'ont pas digéré cet épisode de la même manière. Alors que le jeune Niçois remportait avec une fraîcheur retrouvée son 400m, le champion olympique antibois échouait lui dès les séries du 100 mètres. Promis, il n'y a aucun différend entre Alain Bernard et Yannick Agnel depuis que le premier pense l'idée "aberrante" du second d'envisager de faire l'impasse sur le relais 4x100 pour privilégier sa carte personnelle (200 et 400 mètres nage libre) lors des Mondiaux de Shanghai (24-31 juillet). Soit, puisque le président de la Fédération française, Francis Luyce, le DTN, Christian Donzé, et les intéressés en personne nous répètent en choeur depuis vendredi qu'il n'y a "aucune tension" au sein de cette équipe de France. Mais cet épisode tragi-comique du relais, soigneusement entretenu jeudi par Camille Lacourt tout heureux de "foutre la merde" en allumant l'Antibois, aura, comme on pouvait le craindre, trouvé son prolongement samedi lors de la première journée de l'Open EDF. Et sans surprise, ce n'est pas Agnel qui, malgré son inexpérience, a le plus mal digéré cette affaire mais bien Bernard, apparu très marqué vendredi par la tournure des événements en dépit de sa volonté louable d'arrondir les angles. La sanction ne s'est pas fait attendre : 10e temps seulement des séries du 100 mètres nage libre samedi matin en 49"85. Dur... Au point de quitter le bassin la mâchoire serrée sans s'arrêter devant la presse. Mais le champion olympique n'est pas homme à se défiler. Il a l'a prouvé depuis deux jours en assumant ses propos envers son coéquipier. Et tête reposée, il pouvait faire face aux questions. "Les agitations des deux derniers jours ne m'ont peut-être pas aidé à approcher la course de façon plus sereine, avouait-il sans fard. Tous les moments où on a pris le temps de discuter, d'expliquer ce qui se passait, m'ont empêché de réfléchir à comment j'allais faire ma course. C'est à moi de savoir me mettre dans ma bulle. A moi d'être vigilant et de me préserver de ça à l'avenir. Je viendrai vous voir quand j'aurai des choses à vous dire, je dirai des choses pertinentes au bon moment. Mais je ne regrette rien. A un moment, que ce soit agréable ou pas, il faut y aller, pour faire face à la réalité." Agnel en père peinard Patron de la natation française contesté, tant sportivement que médiatiquement, bousculé par la prise de pouvoir du clan marseillais, Bernard vit douloureusement cette polémique, lui qui disait pourtant vouloir faire preuve de plus d'égoïsme. Tout le contraire d'un Agnel qui suit cette affaire avec la distance d'un ancien, protégé par son entourage, son entraîneur Fabrice Pellerin en tête qui veille au grain. "J'avais eu vent des propos d'Alain mais je n'en avais pas tenu rigueur. Je ne savais même pas véritablement de quoi il s'agissait. Il a fallu que je me documente pour venir vous voir", confiait-il dans l'après-midi avec la candeur de ses 19 ans. "Je trouve ça dommage de pseudo-polémiquer sur des sujets qui n'ont pas à l'être. Ça nous fait perdre de l'énergie dans notre préparation en vue des Mondiaux. La communication est claire entre nous, nageurs, et c'est bien l'essentiel", ajoutait-il comme pour clore le sujet. Mais c'est bien dans l'eau que le Niçois a tourné la page en remportant, au terme d'une belle lutte avec le Tunisien Oussama Mellouli, son 400 mètres en 3'45"31. "Ça fait du bien, une belle course, avec les jambes et les bras qui répondent, je ne pouvais pas rêver mieux. C'est une belle préparation pour les Mondiaux", rigolait-il visiblement rassuré même s'il n'a jamais vraiment douté. "C'est la première fois que je dois digérer une préparation olympique. Je ne savais pas à quoi m'attendre. Je ne doutais pas que ça irait mieux au fil des semaines. La fraîcheur commence à venir. Quand elle sera vraiment là, je pense que ça pourra être sympa." De là envisager changer d'avis sur sa participation au relais ? "On va attendre la fin de compétition, balayait-il. Je suis venu pour nager un bon 200 et un bon 400. Pour l'instant, ça fait un sur deux." Dimanche sera un autre jour. Et Bernard espère bien se rattraper de son côté sur 50 mètres nage libre.