Le débat autour de la prévention de la récidive est rouvert. 1:58
  • Copié
Chloé Triomphe, édité par Antoine Terrel
Alors que la polémique enfle après le viol et le meurtre d'une adolescente par un multirécidiviste à Nantes, Julien Magnier, secrétaire national du syndicat CGT-SPIP, estime que les services compétents ne peuvent pas faire plus dans leur travail de suivi des profils à risque.
INTERVIEW

La justice a-t-elle manqué de vigilance ? La polémique ne cesse pas d'enfler après la mise en examen d'un multirécidiviste, samedi, pour le viol et le meurtre d'une adolescente le 20 août à Nantes, et relance le débat autour du suivi des récidivistes. Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a ainsi ordonné une mission d'inspection sur la mise en oeuvre des mesures de suivi du suspect âgé de 45 ans, libéré de prison en 2016 après avoir purgé une peine de 18 ans de réclusion criminelle pour neuf viols, trois tentatives et une agression sexuelle commis entre 2001 et 2003.

Au micro d'Europe 1, Julien Magnier, secrétaire national du syndicat CGT-SPIP (les services judiciaires chargés de veiller à ce que les personnes qui leur sont confiées respectent leurs obligations, mais aussi du repérage d'éventuels récalcitrants), estime qu'il n'est pas possible de faire mieux au regard de la loi et des moyens actuels.

Dans l'affaire de Nantes, le violeur avait purgé sa peine de prison. Depuis sa libération en 2016, il respectait son suivi socio-judiciaire, qui comprenait notamment une injonction de soins. "Parfois, on a des appréhensions, et on sent que la personne peut basculer", reconnaît Julien Magnier. Mais, ajoute-t-il aussitôt : "Il n'empêche que la personne est libre".

Près d'une centaine de dossiers par agent

Que peut alors faire le Service pénitentiaire d'insertion et de probation ? "On peut juste rapprocher les suivis, être en contact avec les structures de soin pour voir s'il répond et adhère bien aux soins", explique Julien Magnier, rappelant que "le reste relève du secret médical. On n'y a pas accès".

"On part du principe qu'une personne qui reconnaît les faits pour lesquels elle a été condamnée, qui met en place une indemnisation des parties civiles, qui a un discours cohérent en entretien, cela nous paraît solide", dit encore le secrétaire national du syndicat. "On peut passer à côté d'un discours, mais c'est rare". Et de conclure : "Mais on ne peut pas faire plus que de mettre ça en place". 

Pour Julien Magnier, il n'est donc pas possible de faire plus que sa mission telle qu'elle est prévue par la loi. Face aux critiques, le SPIP évoque aussi la question des moyens. 270.000 dossiers sont ainsi suivis, soit une centaine par agent, ce qui se traduit en moyenne par un entretien par mois avec chacune des personnes suivies.