De nombreux témoignages ont raconté les violences sexuelles au sein des IEP. 1:35
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Benjamin Peter, édité par Antoine Terrel
Quelques semaines après les nombreux témoignages d'étudiantes sur les violences sexuelles au sein des Instituts d'études politiques, le gouvernement a lancé lundi une mission d'enquête, qui a débuté lundi à Toulouse. Les associations réclament une meilleure formation des étudiants et des enseignants, et un accompagnement juridique des victimes. 

Après la vague provoquée par le hashtag #sciencesporcs, les Instituts d'études politiques (IEP) prennent des mesures. Au début du mois de février, ces prestigieux établissements avaient été visés sur les réseaux sociaux par de nombreux témoignages d'étudiantes qui racontaient les violences sexuelles qu'elles y avaient subi, et le manque d'accompagnement de la hiérarchie. Cette déferlante avait poussé le gouvernement à lancer une mission d'enquête pour recueillir les témoignages et vérifier que les cellules d'enquêtes avaient bien fonctionné. Cette mission a débuté lundi à Science-Po Toulouse, où un ex-étudiant a été mis examen pour viol

"Une sanction sociale pour celles qui prennent la parole"

Organisé par les étudiants, un rassemblement en soutien à la plaignante, une étudiante de deuxième année, a ponctué le lancement de cette mission. Un camarade de promotion a lu un message de Juliette, la victime, dans lequel elle confie que son expérience au sein de l'IEP a été "une cruelle désillusion".

Pour Eva, membre de l'association étudiante "Les Sans culottes", ces témoignages ne sont pas une découverte, mais jusqu'ici, personne n'avait intérêt à parler. "Quand on arrive à l'intégration, on sait qu'il y a certaines personnes à éviter", explique-t-elle à Europe 1. "Les rumeurs se propagent, et il y a une impunité des agresseurs, donc une sanction sociale pour celles qui prennent la parole. Et quand elles parlent, on choisit de ne pas les écouter, de les rabaisser parce qu'elles ont parlé."

Des rassemblements qui favorisent les violences sexuelles

De son côté, Bérangère, membre du collectif des jeunes chercheuses, insiste sur le rôle des rituels d'intégration et des compétitions sportives entre les IEP, qui installent un climat propice aux violences sexuelles. Elle cite notamment le "grand chelem", cette idée "d'avoir, sur le temps d'un week-end d'intégration sportive, des relations sexuelles avec des filles de chaque IEP, qui relèvent des logiques de prédation".

Les associations doivent être entendues par la mission d'enquête du gouvernement. Elles réclament une meilleure formation des étudiants et des enseignants, ainsi qu'un accompagnement juridique des victimes pour que les élèves puissent avoir la certitude d'étudier dans un lieu sécurisé.