Val : "ceux qui trouvent des justifications au terrorisme sont des collabos"

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CB , modifié à
A l'occasion de la sortie de son livre "C'était Charlie", Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo, veut "parler du Charlie qui s'est terminé le jour des attentats".
INTERVIEW

Il a été le patron de Charlie Hebdo pendant 17 ans. Aujourd'hui, Philippe Val sort un livre, "C'était Charlie", publié chez Grasset. Un ouvrage "pour la mémoire des morts et l'honneur des vivants", revendique le journaliste qui avait relancé Charlie Hebdo en 1992, avec Cabu.

"Le temps des hommages et le temps de la salissure". Choqué par les critiques qui ont suivi l’attentat contre Charlie Hebdo, Philippe Val a souhaité apporter sa vérité sur ce journal qu’il a dirigé jusqu’en 2009. "Suite aux attentats, ce que j’ai pu lire dans une certaine presse, bizarrement plutôt la presse de gauche, ça donnait une image de Charlie qui ne correspond en aucune façon à la réalité", déplore-t-il. Et de préciser : "dans les journaux, on passait pour une bande d’abrutis qui publie les caricatures de Mahomet pour se faire du fric et qui se barre avec la caisse."

Ecoutez l'interview de Philippe Val :


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Parce que le temps des hommages a laissé place "au temps de la salissure", Philippe Val a "voulu rétablir ce qu’était ce journal qui était tellement atypique". "Dans mon livre, je veux juste que les gens sachent, quand ils disent ‘Je suis Charlie’, ce que c’était vraiment, Charlie. (…) Ce Charlie qui s’est terminé le jour de l’attentat, c’est de ce Charlie là dont je veux parler", insiste-t-il.

"Une équipe tout à fait baroque et marrante". Philippe Val raconte alors avec émotion cette passion commune de l’équipe pour l’engagement. Et le rire. "C’est un journal qui avait énormément de combats différents, qui a travaillé dans le monde entier. On était une équipe tout à fait baroque et marrante", résume-t-il, sans pour autant occulter les conflits en interne. "Il y a toujours eu de fortes confrontations en interne. Mais on se marrait beaucoup ensemble, on travaillait ensemble, on avait une telle passion de faire rire les gens chaque mercredi, de leur donner quelque chose de fort et de joyeux, malgré la tragédie du monde. On était lié par ça. C’était au-dessus de tout le reste", insiste-t-il.

Aujourd’hui, Philippe Val espère que cet "esprit Charlie" va perdurer. Dans ce défi qui attend le journal, il compte sur Ris, avec qui il a longtemps travaillé. "Aujourd’hui Ris, qui était notre héritier naturel, il faut qu’il refonde son journal, il va faire un magnifique Charlie. J’en suis certain", tente-t-il de se persuader.

"Ceux qui trouvent des justifications au terrorisme ce sont des collabos". Même si la menace d’une disparition n’est pas loin. "Si Charlie était amené à disparaître, les terroristes n’en seraient pas les seuls responsables. Ce seraient tous ceux qui ont des propos démagogiques. Debray, Todd, tous ces gens-là, flattent l'ennemi en espérant peut-être échapper au danger. Ils me font penser à ceux qui dans les années 30 disaient des allemands qu'ils étaient un peuple humilié. C’est ce même mécanisme de peur qui font que les gens trouvent de justifications à l’injustifiable. Il n’y a pas de justification au terrorisme. Ceux qui trouvent des justifications au terrorisme ce sont des collabos", conclut-il.