Vaccin contre le Covid-19 : pourquoi le scepticisme des Français est "une mauvaise nouvelle"

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Nicolas Beytout
Selon un récent sondage, la proportion des anti-vaccins ne cesse d'augmenter en France. Une mauvaise nouvelle pour le pays, selon le chroniqueur Nicolas Beytout, qui estime que la France doit "arriver le plus vite possible à l'immunité collective". 

Les annonces sur des vaccins efficaces contre le Covid-19 se multiplient. Lundi, la société de biotechnologie américaine Moderna annonce un vaccin efficace à 94,5%. Mardi, les laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech ont relevé le niveau d'efficacité de leur produit à 95%. Pour autant, l'OMS appelle à la prudence et à combattre la deuxième vague sans vaccins. Côté Français, un dernier sondage exprime le scepticisme de la population à recevoir une injection pour se protéger du nouveau coronavirus. Nicolas Beytout, chroniqueur de l'actualité politique sur Europe 1, livre son opinion. 

"La proportion des anti-vaccins ne cesse d’augmenter, au fil du temps et des sondages. Ils étaient 26% en mai selon une étude menée par la prestigieuse revue scientifique The Lancet, chiffre qui grimpait à 41% en juin, puis à 46% mi-octobre et enfin à 50% le weekend dernier. Alors, bien sûr, on peut chercher une explication favorable : on s’approche du déconfinement, l’épidémie fait moins peur, il y a moins d’empressement à se faire vacciner, mais la réalité c’est que c’est une très mauvaise nouvelle. Si le pays veut lutter efficacement contre le virus et retrouver rapidement le cours normal de ses activités, il doit arriver le plus vite possible à ce qu’on appelle l’immunité collective. Et pour y parvenir, il n’y a que 2 moyens : le vaccin ou que les Français tombent malades par millions et fabriquent tous seuls leurs anticorps. Ce qui serait évidemment la pire des hypothèses.

D'où vient cette réticence ?

Cette réticence vient de très loin. Lorsqu'Edouard Philippe annonce, il a 3 ans, qu’il va augmenter le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants, c’est une levée de boucliers. C’est un fait, il y a en France un socle d’anti-vaccins, estimé à 15% de la population. A ces gens-là s’ajoutent désormais ceux qui sont méfiants (le vaccin a été découvert trop vite), ceux qui n’y croient pas (la théorie du complot), et tous ceux qui sont hostiles à la science, au progrès. Les OGM, la 5G, le glyphosate, tout ça mélangé au principe de précaution, ça fait un mélange qui fabrique ce rejet.

Les sondages montrent que le phénomène est (beaucoup) plus fort en France que dans les autres pays. Sûrement corrélé à notre rejet ou à notre crainte de la mondialisation (et là aussi, nous sommes beaucoup plus braqués que les autres opinions publiques). On en trouve d’ailleurs une preuve dans tous ces sondages : c’est au Rassemblement national, chez La France insoumise et les Verts que les anti-vaccins sont majoritaires. Ils y sont 2 fois plus nombreux que les sympathisants d’Emmanuel Macron et des Républicains.

Et comment est-ce que la tendance pourrait être inversée ?

Compliqué. Rendre obligatoire le vaccin est refusé par une écrasante majorité de Français. Reste un long travail de reconquête pour lutter contre ce qu’on appelle l’horizontalité. Un terme qui désigne tout simplement le fait que, à l’ère des réseaux sociaux et des chaînes d’info, tout le monde peut revendiquer d’avoir un avis pertinent et le donner.

Et comme les élites sont démonétisées, on écoute au moins autant une starlette de la télé-réalité divaguer sur le grand complot et l’injection, grâce au vaccin, de puces qui vous traceront toute votre vie, que les meilleurs scientifiques du monde ceux qui savent (enfin savent vraiment) mais n’arrivent plus à convaincre du fait de leur seul statut. Et contre ça, pas de vaccin."