Une ancienne figure de la déradicalisation jugée pour détournement de subventions

Sonia Imloul, ancienne figure de la déradicalisation, sera jugée lundi pour détournement de subvention et travail dissimulé.
Sonia Imloul, ancienne figure de la déradicalisation, sera jugée lundi pour détournement de subvention et travail dissimulé. © AFP
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avec AFP
Elle est accusée d'avoir détourné 60.000 euros de subventions. Sonia Imloul, ancienne figure de la déradicalisation sera jugée à partir de lundi.

Sonia Imloul, éphémère figure médiatique de la déradicalisation et ancienne responsable d'une structure chargée d'accompagner les familles de jeunes tentés par le jihad, est jugée lundi à Paris pour détournement de subventions, blanchiment et travail dissimulé.

60.000 euros de subventions mais pas de contrats de travail pour les trois salariés. Les autorités lui reprochent d'avoir détourné des subventions, versées à hauteur de 60.000 euros, et d'avoir employé trois personnes dans sa structure sans leur verser de salaire, ni leur fournir de contrats de travail - l'une a finalement eu un contrat de travail antidaté et dit avoir perçu une somme d'argent.

Avril 2014, alors que des dizaines de jeunes français partent vers la Syrie, le gouvernement lance un plan de prévention de la radicalisation. Parmi les mesures du dispositif : la création d'un numéro vert "anti-jihad" pour recueillir les signalements de personnes radicalisées.

Sonia Imloul a ouvert l'une des première cellule de déradicalisation. Les familles ayant composé le numéro sont ensuite dirigées vers des "cellules de déradicalisation" qui doivent mettre en place des mesures de désendoctrinement des jeunes signalés et offrir un soutien aux familles.

La structure de Sonia Imloul, militante associative de Seine-Saint-Denis, est l'une des premières à ouvrir en France, à l'été 2014. Baptisée "la Maison de la prévention et de la famille", elle accueille des familles envoyées par la préfecture de police de Paris, dans un appartement loué à Aulnay-sous-Bois. Mais, un an plus tard, la structure met la clef sous la porte, les autorités lui ayant retiré leur soutien.

La cellule a accueilli "plus de journalistes que de familles" de radicalisés. Sur le banc des parties civiles lundi, deux ex-employés ayant alerté les autorités sur les dysfonctionnements de la cellule. Une mère dont la fille était partie en Syrie et qui avait intégré l'association pour suivre les familles de jeunes ayant rejoint ce pays, et Julien Revial, un étudiant recruté par Sonia Imloul, pour l'aider à bâtir le projet et accomplir divers travaux rédactionnels.

Dans un livre intitulé "Cellule de déradicalisation, chronique d'une désillusion", le jeune homme dénonce le fonctionnement de la structure, qui "a accueilli plus de journalistes que de familles", selon lui. "Pourquoi les autorités n'ont pas investigué sur le profil de Sonia Imloul ?", explique-t-il. "S'ils l'avaient fait, jamais cette mascarade ne se serait produite".

Un procès qui n'est "pas celui de la déradicalisation". L'avocat des deux ex-employés, Emmanuel Pire, s'attachera à prouver à l'audience "qu'il s'agissait bien d'une relation de travail et pas de militantisme" liant ses clients à Sonia Imloul. Il souligne que ce procès n'est pas "celui de la déradicalisation", mais d'une structure qui, comme "d'autres associations peuvent avoir des process (procédures, ndlr) amateurs dans la gestion des fonds".