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R.Da. , modifié à
Pour lutter contre l'alcoolisme en France, un collectif de médecins demande dans une tribune au gouvernement de revoir la taxation de l'alcool.

Dix médecins et spécialistes de la santé publique ont co-signé un texte demandant un prix plancher pour les boissons alcoolisées. Ils veulent notamment "taxer l'alcool proportionnellement au contenu en grammes d'alcool et définir un prix minimum de vente par unité d'alcool". Ces mesures, qui s'inspirent des augmentations du prix du tabac décidées par le gouvernement, doivent, selon eux, permettre de faire baisser la consommation trop élevée des Français. "Il faudrait que l'on ne puisse pas acheter de l'alcool trop bon marché, parce que c'est dangereux et parce que l'on boit trop dans ce pays. Augmenter les prix est une mesure efficace", argue mardi, au micro d'Europe Midi, Catherine Hill, épidémiologiste et signataire de la proposition.

Un problème culturel. "Nous avons dans notre beau pays un souci historique, culturel", abonde William Lowenstein, addictologue, fondateur et président de SOS addictions, également invité d'Europe Midi. "Dire que l'alcool et le vin nuisent à la santé, c'est ne pas être patriote. C'est compliqué pour nous", avoue-t-il. "Avec la consommation actuelle, si on répartit tout ce qui est bu par la population de 15 ans et plus, on est à 2,6 verres par jour", indique Catherine Hill. "Ce qui est recommandé, c'est de ne pas dépasser dix verres par semaine. Avec deux verres par jour, c'est déjà trop !".

Mieux informer. Mais l'instauration d'un prix plancher doit s'inscrire dans un plan plus global, estime ces deux spécialistes. "Un prix plancher aiderait [à faire baisser la consommation, ndlr], si la mesure n'est pas isolée et s'inscrit dans un cortège de mesures, à relier à des améliorations humaines et sociales", affirme William Lowenstein. Les deux spécialistes réclament également une meilleure information autour de l'alcool, et notamment que les marques inscrivent sur les bouteilles la quantité d'alcool contenu : "Si on vous dit qu'il ne faut pas boire plus de 100 grammes par semaine, et que vous voyez dans votre bouteille qu'il y a 80 grammes d'alcool, vous savez où vous en êtes", explique Catherine Hill.

"Savoir plus, pour risquer moins". "On n'a aucune envie d'être des ayatollahs, mais simplement de faire passer le message qu'il faut savoir plus, pour risquer moins. Je ne connais aucune femme enceinte qui a envie de faire du tort à son enfant, et pourtant, quelle difficulté d'informer toute la population de femmes enceintes pour leur dire qu'un seul verre de vin est toxique pour le cerveau de leur enfant !", conclut-il.