Un couple de "gilets jaunes" justifie la poursuite de la mobilisation : "On n’a pas de loisirs, on n’a pas de sorties"

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Pierre-Baptiste Vanzini, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Nicolas et Sophie vivent à la campagne et n'ont d'autre choix que de prendre leur voiture pour aller travailler. A cause de l'augmentation du prix du carburant, "on n'a pas de loisirs", explique Nicolas à Europe 1.
TÉMOIGNAGE

La journée de mobilisation de samedi s'est poursuivie dimanche pour certains "gilets jaunes", et même lundi. Et cela pourrait durer dans les jours à venir. Parmi les plus décidés, Sophie et Nicolas, 24 et 25 ans, que notre correspondant dans l'Ouest a rencontrés dimanche. "On est revenus tous simplement parce que nous avons des voitures anciennes et on veut nous interdire de rouler avec", s'agace Nicolas au micro d'Europe 1.

Ce couple vit à la campagne à une quinzaine de kilomètres de Nantes. Ils habitent dans une maison qu'ils ont achetée et travaillent tous les deux pour un revenu cumulé de 2.000 euros. Un montant insuffisant pour s'en sortir. "On n’a plus de sous, c’est fini ! Là, c’est trop. Aujourd’hui, on a un crédit sur une maison, on n'aura jamais les moyens de racheter une voiture électrique. La banque ne voudra jamais", poursuit-il.

"On n'a pas de loisirs, on n'a pas de sorties"

Au-delà de ne pas pouvoir s'acheter de véhicule "propre", Nicolas clame son ras-le-bol de ne pas pouvoir bénéficier de l'argent qu'il gagne pour s'offrir des moments de loisir : "On est jeunes, sans enfant, on gagne notre vie et on nous reprend tout à la fin du mois pour les impôts, donc on n’a rien pour le reste. On n’a pas de loisirs, on n’a pas de sorties." "On ne peut même pas faire de courses. Dès le début du mois, on ne peut déjà pas acheter à manger. Soit on met du carburant, soit on fait un plein de courses", complète Sophie.

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En poursuivant le mouvement, elle espère obtenir une réaction au sommet de l'Etat : "Ce n’est plus possible, ça ne donne pas envie de faire des enfants, ça donne rien envie de faire. Il n’y a pas d’avenir, ce n’est même pas la peine. On essaie de faire une petite manifestation mais est-ce que ça va monter plus haut ? Est-ce que les gens vont l’entendre ?" Pour l'instant, la réponse est non. Invité du journal de France 2 dimanche soir, le Premier ministre Edouard Philippe a assuré que "le cap" en termes de fiscalité "sera tenu".

Nicolas appelle les élus à venir "voir ce que c'est de ne plus en pouvoir"

Nicolas appelle donc "les élus là-haut" à venir "vivre avec 1.400 euros nets par mois, à prendre tous les jours leur voiture à 7h du matin pour aller travailler" : "Ils vont venir un mois voir ça, faire leurs courses chez Eco+ et là ils vont voir ce que c’est de ne plus en pouvoir."