"Tueur de la gare de Perpignan" : verdict attendu, mais pas d'explications

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Celui que les policiers ont mis 17 ans à identifier est jugé depuis le 5 mars pour deux meurtres, une tentative de meurtre et une tentative de viol. © RAYMOND ROIG / AFP
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avec AFP , modifié à
Jeudi, l'avocat général a requis la prison à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans à l'encontre de Jacques Rançon.

Un accusé insondable et réfugié derrière ses trous de mémoire : sans avoir éclairci les raisons du déchaînement meurtrier de Jacques Rançon, la cour d'assises des Pyrénées-orientales s'apprête à rendre lundi son verdict à l'encontre du "tueur de la gare de Perpignan".

La perpétuité requise. A l'issue de trois semaines de procès très éprouvantes, souvent au-delà du supportable, l'avocat général Luc-André Lenormand a requis jeudi la peine maximale : la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans. "Jacques Rançon n'a plus rien à faire dans cette société, où le droit à la vie est un droit inaliénable", a-t-il affirmé.

Deux meurtres et une tentative de meurtre. Celui que les policiers ont mis 17 ans à identifier est jugé depuis le 5 mars pour les viols et les meurtres de Moktaria Chaïb, 19 ans, et de Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, accompagnés d'atroces mutilations. Il est également accusé d'une tentative de meurtre sur une troisième femme, laissée pour morte, et d'une tentative de viol sur une quatrième jeune fille. Des crimes commis entre 1997 et 1998.

"Dimension sadique". Pour l'avocat général, Rançon, 58 ans, ne devra bénéficier d'aucune circonstance atténuante. Pas même en raison de son enfance miséreuse en Picardie, passée sans aucun ami dans la vieille maison en bois où il partageait la chambre de ses parents jusqu'à 18 ans. A ses yeux, cet ancien cariste-magasinier, resté le plus souvent prostré dans le box vitré et le regard vissé au sol, a surtout "une dimension sadique". Et d'expliquer que Rançon passe à l'acte parce qu'il "ne supporte pas le refus, "n'a pas de compassion pour l'autre" et veut montrer "sa toute puissance en emportant les organes", allusion au meurtre de Marie-Hélène, une auto-stoppeuse de 22 ans. La tête et les mains de la jeune femme avaient été retrouvées à 20 km de la scène du crime des mois plus tard. 

"Un cerveau malade", selon un psychiatre. Pour ses deux défenseurs, il va s'agir lundi de redonner un peu d'humanité à ce "monstre froid", selon la formule des policiers. Ils vont également mettre en exergue la thèse d'un expert, le Dr Pierre André Delpla, neuropsychiatre, qui contrairement à ses confrères, pense que Rançon est "neurologiquement défaillant". Si pour ses confrères, l'accusé est un "pervers sadique" en "capacité à répéter (ses meurtres) sans arrêt", le Dr Delpla, sans absoudre le "tueur de la gare" de ses responsabilités, juge que c'est un "grand psychopathe", "quelqu'un de primaire", dont le "cerveau est malade". Un avis insupportable pour les parties civiles. Me Étienne Nicolau a estimé que la perpétuité était la seule condamnation possible, car "le mode opératoire constant" dénote "le sadisme" et "le plaisir" qu'il prend.