Bizutée, Capucine n'a plus jamais remis les pieds dans son école : "Je suis sortie de là complètement démunie, en colère et très choquée"

(Photo d'illustration) "On m'a également montré une vidéo à caractère pornographique que je devais simuler" 0:30
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Virginie Riva, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Chaque année, certains étudiants se font bizuter lors des weekends d'intégration de la rentrée. Capucine a subi cette violence il y a un an, et reste encore choquée par les événements. Elle témoigne au micro d'Europe 1. 
TÉMOIGNAGE

#JeDisStop. Voilà le mot d'ordre du Comité national contre le bizutage, qui lance une campagne sur les réseaux sociaux contre cette pratique punie par la loi de 1998 jusqu'à six mois de prison et 7.500 euros d'amende. Pourtant, comme à chaque rentrée, les weekends d'intégration des universités et des grandes écoles vont parfois rimer avec humiliation. L'an dernier, Capucine faisait son entrée dans une grande école de commerce de l'Ouest de la France. Deux semaines après elle se faisait bizuter, elle n'a plus jamais remis les pieds dans son école. Elle témoigne lundi au micro d'Europe 1.

"Je me suis retrouvée dans une salle sombre, entourée d'une quinzaine de personnes. On m'a tout d'abord demandé de passer à quatre pattes sous une table, et on m'a humilié pendant 15 minutes. On m'a demandé de me couper une mèche de cheveux, de boire et de manger des choses peu ragoûtantes. On m'a demandé de parler dans un godemiché, de simuler une fellation. On m'a également montré une vidéo à caractère pornographique que je devais simuler.

"Je me suis retrouvée dans l'incapacité de dire 'stop' ou de dire 'non'"

Puis, on m'a posé des questions sur mes activités sexuelles : si j'aimais la domination, la soumission, ce genre de choses...Je me suis retrouvée dans l'incapacité de dire "stop" ou de dire "non" alors que cela ne m'était jamais arrivée auparavant. Je suis sortie de là complètement démunie, en colère et très choquée. Parmi ces quinze personnes, aucune n'a réagi. Certaines sont venues me voir à la fin pour se justifier ou s'excuser en me disant que cela avait été violent, ou qu'elles ne comprenaient pas ce qu'il s'était passé.

Mais dans les faits, je me suis quand même fait bizutée pendant 15 minutes devant des gens que je ne connaissais pas, deux semaines après la rentrée."