Des employés municipaux se sont employés à repeindre les murs pour recouvrir les inscriptions racistes. 1:34
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Charles Guyard, édité par Antoine Terrel
Des tags anti-musulmans ont été découverts sur les murs du centre culturel islamique Avicenne, dimanche, à Rennes. Alors que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est rendu sur place et qu'une enquête a été ouverte, les fidèles, eux, refusent "de jouer le jeu de la haine".
REPORTAGE

À Rennes, les fidèles sont d'autant plus choqués que les fait se sont produits à deux jours du début du ramadan. Dimanche matin, des tags anti-musulmans ont été découverts sur les murs du centre culturel islamique Avicenne. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est rendu sur place, et une enquête a été ouverte pour "dégradations à raison de l’appartenance à une religion". Mais sur place, les croyants rencontrés par Europe 1 veulent réagir avec calme, sans répondre à la haine par la haine.  

Kamel, lui, n'en revient toujours pas. Ce fidèle de 50 ans a découvert avec stupeur cette série de tags inscrite la nuit dernière sur les murs du centre culturel, qui abrite aussi une mosquée. "Il y avait marqué 'l'islam hors de France'. France éternelle'", témoigne-t-il. 

Darmanin dénonce des inscriptions "immondes"

Sur les murs, de la peinture bleue et rouge sur fond blanc, soit les couleurs du drapeau tricolore, que les agents municipaux ont mis de longues minutes à effacer à coups de Kärcher dimanche, avant l'arrivée de Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur est venu dénoncer un nouvel acte malveillant commis contre la communauté musulmane, trois jours après un incendie volontaire qui a partiellement endommagé une mosquée à Nantes et à 48 heures environ du début du ramadan.

Sur place, Gérald Darmanin a exprimé "tout le dégoût" qu'ont inspiré au gouvernement ces tags, et promis la "protection" des lieux de culte musulman à l'occasion du ramadan. "Le président m'a demandé de dire aux dirigeants de cette association (...) tout le dégoût que nous inspirent ces inscriptions qui sont des insultes, des insultes aux musulmans français, des insultes à la France", a déclaré le ministre de l'Intérieur. "Tout lieu de culte, tout lieu d'inspiration religieuse est le bienvenu dans notre pays et nous devons la protection à nos concitoyens musulmans comme nous le devons à nos concitoyens chrétiens ou juifs", a-t-il ajouté.

"A deux jours du mois de ramadan, je veux dire à nos concitoyens musulmans que consigne a été donnée vendredi aux préfets de particulièrement les protéger en cette période de fête religieuse", a indiqué le ministre. Evoquant des inscriptions "immondes", il a assuré que "la République doit protéger tous ses enfants".

"Il faut rester calme, discuter avec les gens"

"Je pense qu'on est face à des personnes qui ont voulu choquer, et c'est ce qu'ils ont fait", réagit au micro d'Europe 1 Ahmed Aït Chikh, le président du centre. "C'est l'indignation d'abord. On est choqué. Et puis ensuite, on se dit 'comment on réagit face à tout ça?'. Pour Kamel, c'est par le dialogue qu'il faut réagir. "Il ne faut pas jouer le jeu de la haine. Il faut rester calme, diplomate, discuter avec les gens", dit-il. Et en tout cas, parmi les tags, l'un ferait presque sourire cet autre fidèle, s'il n'était pas inscrit dans un but injurieux. "Vive la France ! Oui, vive la France ! Je suis content de vivre en France. S'il y avait juste ce mot là, ça serait bien". 

Une enquête a été ouverte par la Sûreté départementale de Rennes pour "dégradations en raison de l'appartenance à une religion". Un délit qui fait encourir à son ou ses auteurs une peine de quatre ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.