Surchauffe dans les hôpitaux : "Qu'on arrête de fermer des lits et de supprimer du personnel"

© JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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Romane Hocquet avec Côme Delanery, édité par Romain David
À l'hôpital de Gonesse, inauguré lundi par la ministre des Solidarités et de la Santé, le personnel déplore déjà un manque de moyens dommageable à la bonne prise en charge des patients. 
REPORTAGE

Le personnel l'attendait de pied ferme. La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a officiellement inauguré lundi l'hôpital de Gonesse dans le Val d'Oise, qui fonctionne déjà depuis 2016. C'est notamment dans cet hôpital que travaille Olivier Varnet, neurologue et l'un des 175 médecins signataires d'une lettre ouverte à Edouard Philippe rendue publique dimanche, et dans laquelle des professionnels de santé assurent ne plus pouvoir remplir leur "mission de service public" par manque de moyens. Ils vont jusqu'à pointer "une mise en danger de la vie d'autrui".

Un risque pour les patients. Flambant neuf, l'hôpital de Gonesse est déjà frappé par la dégradation de l'offre de soins, et plusieurs services affichent des difficultés. "Dans mon service, il y a 30 lits de neuro. Pour les soigner la nuit, il y a une infirmière et une aide-soignante", relève Olivier Varnet. "Les surveillances ne sont pas faites correctement et il y a une perte de chance pour ces malades", déplore-t-il. "Qu'on arrête de fermer des lits et de supprimer du personnel".

"On va partir à minuit". La suppression de places a provoqué un engorgement des urgences. En deux ans, la fréquentation a augmenté de 25%. En marge de la visite de la ministre, une quarantaine de patients attendaient d'être pris en charge."On m'a dit d'attendre, parce qu'il y a du monde et qu'il n'y a pas assez de personnel", rapporte un patient. "On va partir à minuit, c'est le calvaire."

 

"J'ai honte". Dans les couloirs du service, des infirmières comme Adeline, les traits tirés, vont d'un brancard à l'autre pour rassurer les malades. "J'ai des gens qui attendent depuis 11 heures ce matin. J'ai beau aimer énormément mon métier, j'ai honte", confie-t-elle. "On a l'impression de faire un travail qui n'est pas accompli, pas fini, mal fait. Quand on rentre, on n'est pas bien". Et l'été risque d'être encore plus tendu, avec des plannings particulièrement serrés, menacés par le moindre arrêt maladie.