Suicide d'un migrant dans un centre d'accueil du Pas-de-Calais

Le Centre Primo Lévi et Médecins du Monde publient mercredi un rapport alarmant sur la souffrance psychique des migrants. (image d'illustration)
Le Centre Primo Lévi et Médecins du Monde publient mercredi un rapport alarmant sur la souffrance psychique des migrants. (image d'illustration) © DENIS CHARLET / POOL / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Un Ghanéen de 19 ans, "resté très enfermé sur lui-même", s'est pendu la semaine dernière au centre d'accueil pour migrants qui l'hébergeait dans le Pas-de-Calais. 

Un Ghanéen de 19 ans s'est suicidé par pendaison la semaine dernière au Centre d'accueil et d'examen des situations (CAES) de Croisilles, dans le Pas-de-Calais, a fait savoir mercredi l'association gestionnaire, signe selon Médecins du Monde que "les souffrances psychologiques des migrants sont réelles". Le 12 juin, ce jeune migrant, qui était arrivé de Calais il y a quelques semaines, "s'est pendu dans une partie désaffectée du bâtiment", a rapporté Guillaume Alexandre, directeur général de La Vie active, confirmant une information de La Voix du Nord.

"Défaut de prise en charge psychologique". L'association est mandatée par l'Etat pour gérer le CAES, où sont hébergés une cinquantaine de migrants qui peuvent y réfléchir sur leur avenir (demande d'asile, aide au retour au pays...). "L'enterrement a eu lieu hier, (...) tant l'organisation que les résidents ont été très affectés par ce qu'il s'est passé", a-t-il ajouté. Le jour de son décès, il avait rendez-vous avec une psychologue. "La migration a forcément eu un impact sur sa situation (psychologique), mais c'est quelqu'un dont on ne connaissait pas la situation familiale, qui est resté très renfermé sur lui-même", a jugé Guillaume Alexandre. "Je ne vois pas de signe de défaillance de l'organisation." "Je ne pense pas que c'est le centre qui puisse être mis en cause", a abondé Loan Torondel, coordinateur à l'Auberge des migrants. "S'il y a un problème c'est plutôt le parcours sur la route et le défaut de prise en charge psychologique."

La souffrance psychique des migrants. Ce suicide est intervenu alors que le Centre Primo Lévi et Médecins du Monde publient mercredi, à l'occasion de la Journée mondiale des réfugies, un rapport alarmant sur la souffrance psychique des migrants. "Les souffrances des exilés sont réelles", a commenté Patricia Belliard, coordinatrice médicale à Calais et Dunkerque pour Médecins du Monde : angoisse de l'exil, du parcours, de l'arrivée en France, manque d'accès aux besoins fondamentaux, peur d'un retour au pays d'entrée dans l'Union européenne selon les termes du règlement de Dublin... "Les structures de santé et eux, on n'est pas dans le même espace-temps, nous c'est du long terme, des rendez-vous réguliers, pour eux c'est dur de se projeter à la semaine prochaine", a-t-elle expliqué, avant de s'interroger : "L'offre est là, mais est-elle adaptée à la population des exilés ?"