Le monde de l'édition n'est pas épargné par les comportements sexistes. (Image d'illustration) 1:35
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Océane Théard
Six personnes sur dix travaillant dans le monde de l'édition se disent victimes de comportements sexistes, voire d'agressions sexuelles. C'est le terrible constat d'une enquête réalisée par Ipsos et le magazine "Livres Hebdo", qui a recueilli de très nombreux témoignages.

Malgré les campagnes de sensibilisation et les hashtags, les agissements sexistes ou sexuels restent encore une triste réalité dans le monde du travail. Une consultation menée par Ipsos et le magazine Livres Hebdo révèle que le secteur de l'édition est particulièrement concerné. Dans ce milieu, six personnes sur dix disent en avoir été victimes. Preuve de l'ampleur du phénomène : Livres Hebdo a presque été débordé par le nombre de réponses apportées à son appel à témoignages : plus de 1.000 en moins de 48 heures, le plus souvent avec des descriptions très détaillées de mains sur l'épaule, de mains aux fesses, de blagues sexistes...

"On ne s'attendait pas du tout à cette vague de réponses, ce qui montre quand même à quel point la parole avait besoin d'être prise", rapporte Anne-Laure Walter, rédactrice en chef du magazine, et chargée de recueillir ces témoignages. "Là, on a des témoignages qui ne sont pas uniquement des cahiers de doléances, mais ce sont des gens qui ont envie de faire changer les choses et qui proposent des solutions", pointe-t-elle.

"Des sanctions beaucoup plus claires et nettes"

Ces solutions consisteraient, par exemple, à mettre en place une charte à l'intérieur des maisons d'édition ou à féminiser les jurys des prix littéraires. Mais pour Caroline Laurent, éditrice, autrice, et l'une des premières à avoir alerté sur ce sujet il y a plus d'un an, l'important reste avant tout l'écoute. "Ecouter au moment où une éditrice ou une jeune autrice viendrait raconter ce qu'elle a subi avec un patron de maison d'édition ou un journaliste littéraire, et avoir des sanctions beaucoup plus claires et nettes est essentiel", résume-t-elle.

Toujours selon Caroline Laurent, le temps reste le meilleur moyen de lutte contre ce phénomène ; peu à peu, les nouvelles générations de professionnels, mieux sensibilisés à cette question, remplaceront ceux qu'elle appelle "les vieux mâles blancs de plus de 50 ans."