Sciences : les femmes toujours victimes des clichés

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B.W. avec AFP
ETUDE - D'après un sondage OpinionWay, deux tiers des Européens pensent que les femmes sont incapables " de devenir des scientifiques de haut niveau". Plus inquiétant encore, les femmes sont aussi nombreuses que les hommes à entretenir ces clichés.

Les préjugés sont tenaces: pour les deux tiers des Européens, les femmes n'ont pas les capacités pour "devenir des scientifiques de haut niveau", révèle mercredi un sondage qui confirme leur difficulté à se faire une place dans le monde de la science. Paradoxalement, les femmes sont quasiment aussi nombreuses (66%) que les hommes (67%) à penser qu'il leur manque au moins une qualité pour prétendre réussir en sciences, selon cette enquête réalisée par l'institut français OpinionWay pour la fondation L'Oréal. Elle a été menée dans cinq pays (Allemagne, Royaume Uni, Espagne, France, Italie).

Pour quelles raisons les sondés estiment qu'elles en sont incapables ? Que manque-t-il donc aux femmes pour parvenir à être des scientifiques de haut niveau ? La confiance en soi pour 25% des sondés, le réseau professionnel (21%), l'esprit de compétition (19%), l'ambition (15%), l'intérêt pour les sciences (12%). Mais 11% pensent aussi qu'elles manquent de persévérance, 9% d'esprit rationnel, 8% d'esprit pratique, 7% de rigueur, 7% de capacité scientifique...

Une prix Nobel victime de ses pairs masculins. Les femmes doivent "vraiment faire preuve de résistance" face aux commentaires désobligeants de certains de leurs collègues masculins, témoigne Elizabeth Blackburn, qui a reçu le prix Nobel de médecine en 2009. Cette biologiste américaine d'origine australienne a encore en mémoire la remarque "arrogante" formulée en 1984 à son propos par un scientifique senior, raconte-t-elle. Elle venait de faire une communication sur l'avancée de ses travaux qui allaient la mener à identifier la télomérase, enzyme qui protège les chromosomes du vieillissement.  "Oh, mais elle est en train de se fourvoyer complètement", avait-elle entendu dire dans son dos par ce scientifique européen. Trente ans après, les choses n'ont pas tant changé.