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Océane Théard avec Laura Laplaud , modifié à
Quelques jours après les révélations contre le groupe privé Orpea, le géant Korian se trouve à son tour mis en cause par des familles. L’avocate Sarah Saldmann, déjà à l’initiative d’une action collective contre Orpea, a annoncé avoir reçu "plusieurs dizaines de témoignages" contre le groupe Korian.

Après le groupe Orpea, c'est au tour du groupe Korian d'être pointé du doigt pour des soupçons de maltraitance dans les Ehpad. Une action collective sera lancée en avril par l'avocate Sarah Saldmann, déjà à l'origine d'une autre action collective contre Orpea. "La semaine dernière, j'avais décidé de lancer une action collective uniquement contre Orpea, nominativement et sans parler au début de Korian. Il se trouve que dans les heures qui ont suivi cette annonce d'action collective, j'ai reçu des dizaines et des dizaines d'appels, de mails, de courriers de gens me disant 'Les faits que dénoncent les familles d'Orpea, c'est exactement la même chose que ma mère, mon père ont vécu chez Korian'", déclare-t-elle sur Europe 1.

Une trentaine de témoignages reçus

L'entreprise française de gestion de maisons de retraite médicalisée fait donc l'objet de nombreux témoignages de familles pour des situations semblables à celles d'Orpea. "À savoir des maltraitances, la dénutrition, la déshydratation. On ne prévient pas les familles quand il y a une fracture, au niveau de l'hygiène absolument déplorable, et il y a un réel rationnement alimentaire", poursuit Sarah Saldmann.

Le leader européen des maisons de retraite, Orpea, a plongé en bourse après la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs de Victor Castanet. Un récit dans lequel le journaliste décrit, avec de nombreux témoignages à l'appui, les dérives d'un système obsédé par la rentabilité dans certains Ehpad.

Pour Alice Casagrande, présidente de la Commission de lutte contre la maltraitance et de promotion de la bientraitance du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge et du Conseil national Consultatif des Personnes Handicapées, "ce n'est pas seulement un système de gestion interne dans ces groupes qu'il faut dénoncer, c'est aussi lutter contre un désengagement de la puissance publique qui n'a pas, ces dernières années, suffisamment mis l'accent sur la reddition de comptes".

La société a fermé les yeux

Invité d'Europe Midi lundi, Alice Casagrande prévient aussi que les signes de maltraitance ne sont pas seulement présents dans ces Ehpad, ils peuvent l'être à domicile. "La Direction générale de la cohésion sociale vient de recevoir une enquête qui révèle ce que l'on sait déjà, à savoir qu'il y a également des grands risques de maltraitance dans les domiciles des personnes âgées, dans les domiciles des personnes dépendantes, notamment sur le plan cognitif, mais pas seulement les personnes âgées, également les personnes en situation de handicap", soulève-t-elle.

"On a une société qui s'est concentrée sur d'autres détresses, sur d'autres priorités", termine Alice Casagrande. "On a une politique publique à rénover et on doit donner un second souffle aujourd'hui."