Santé : inquiétudes autour de l'impact d'une classe de fongicides

Certains fongicides sont largement utilisés dans l'agriculture.
Certains fongicides sont largement utilisés dans l'agriculture. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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L'ONG Générations Futures réclame la suspension des produits, largement utilisés dans l'agriculture pour détruire les moisissures sur les céréales ou les fruits.

L'ONG Générations Futures a réclamé mardi la suspension de l'utilisation d'une classe de fongicides qui se retrouvent dans la nourriture, après l'alerte lancée par des scientifiques sur les risques potentiels de ces produits pour l'homme. Le 15 avril, dans une tribune publiée dans Libération, des chercheurs (CNRS, Inra, Inserm) avaient pointé du doigt les pesticides SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase), utilisés "à grande échelle" en agriculture pour détruire les moisissures qui se développent sur les céréales ou les fruits.

"Changement de la structure de notre ADN". Cette substance vise "à bloquer une étape clé de la respiration des champignons, celle assurée par la succinate déshydrogénase (SDH). Or, les cellules de tous les êtres vivants respirent", expliquaient-ils. Selon leurs travaux, le blocage de cette enzyme SDH peut "entraîner à long terme un changement de la structure de notre ADN : ce sont des phénomènes de modifications épigénétiques", qui peuvent provoquer la survenue de cancers.

Mais ces modifications, contrairement aux mutations génétiques plus généralement associées aux substances cancérogènes, "ne sont pas détectées, ni testées, au cours des tests de toxicité conduits avant la mise sur le marché des pesticides", dénonçaient-ils, appelant à suspendre l'utilisation de ces fongicides SDHI en attendant la réalisation de nouvelles expertises.

"Scientifiques lanceurs d'alertes". Quelques jours plus tard, l'agence sanitaire Anses annonçait la mise en place d'un "groupe d'experts dédiés" pour "examiner sans délai les éléments évoqués par les scientifiques lanceurs d'alerte". Mais pour Générations Futures, qui a salué le "courage" des chercheurs ayant publié la tribune, il ne faut pas attendre les résultats de ce groupe, certains produits de la classe SDHI étant "omniprésents" dans l'environnement et dans les aliments.

L'ONG pointe en particulier du doigt le boscalide, mettant en avant des analyses publiées ces dernières années ayant montré la présence de résidus de cette substance dans l'air, les eaux de surface et les aliments. Ainsi, selon un rapport de l'Agence européenne pour la sécurité alimentaire (EFSA) d'avril 2017, le boscalide est le pesticide le plus fréquemment retrouvé dans les aliments testés en Europe. Les résidus apparaissent notamment dans les échantillons de raisins, de blé, de bananes ou de poivrons.