Sa sœur jumelle s’est suicidée : "Je me sens coupable"

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Léa Beaudufe-Hamelin
La sœur de jumelle de Cécile s’est suicidée il y a près d’un an. Elle raconte que le soir du décès de sa sœur, elles riaient au téléphone en se remémorant des souvenirs. Cécile se confie à Olivier Delacroix, sur " La Libre antenne" d’Europe 1, et dit se sentir coupable de ne s’être aperçue de rien.
TÉMOIGNAGE

Cela fait près d’un an que Cécile a perdu sa sœur jumelle qui a mis fin à ses jours. Elle dit se sentir coupable de ne s’être aperçue de rien. Elle raconte que le soir où sa sœur s’est suicidée, elles riaient au téléphone en évoquant des souvenirs d’enfance. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Cécile se confie au sujet de la lettre que sa sœur a adressée à ses enfants avant de mourir et évoque leur gémellité.

"Je vis une période difficile parce que j’ai perdu ma sœur jumelle il y a presque un an. C’est compliqué quand j’en parle. On était liées. On a été séparées longtemps parce que je suis partie à l’étranger en raison de mon travail de musicienne. J’ai beaucoup voyagé, elle non. Ce qui me pose problème, c’est que l’année dernière j’étais avec elle et que trois semaines après elle se foutait en l’air.

" Elle était exténuée "

Je me sens coupable parce que le soir où elle s’est suicidée, je l’avais au téléphone et elle ne m’a rien dit. Rien ne le laissait présager parce qu’on rigolait de bêtises qu’on faisait quand on était enfants. On rigolait, c’est tout. Elle était euphorique. Elle était contente que je sois rentrée. Elle a écrit une lettre. Je l’ai toujours avec moi. Dans la lettre, elle écrit à ses enfants. Elle dit qu’elle s’excuse de partir lâchement, mais il faut qu’elle parte, son temps est passé. Elle ne dit pas pourquoi.

Je l’avais vue un mois avant son décès, je la sentais très tendue. Elle était exténuée. Elle était chauffeur de car. Elle voulait toujours tout faire bien. C’était quelqu’un qui aimait donner du bonheur aux autres. Elle était heureuse de savoir que son fils allait se marier. Je n’ai pas compris. Ses enfants ont 28 et 27 ans. Ils m’ont dit que maintenant, j’étais leur maman. Forcément, on se ressemble, nous étions monozygotes, mais je leur ai dit que je n’étais pas leur maman.

 

J’ai toujours de la culpabilité. Ce n’était pas la première fois qu’elle essayait de mettre fin à ses jours. Les autres fois, je l’avais vu, donc j’avais pu la sauver. Mais cette fois-là, je n’ai rien vu. Peut-être savait-elle comment faire pour que je ne le vois pas. Je me demande si elle voulait vraiment en finir, est-ce qu’elle en avait vraiment ras-le-bol ? Je m’en veux de ne pas avoir compris. 

Je vois un thérapeute, parce que c’est lourd. C’est difficile à comprendre pour des gens qui n’ont pas de jumeau. Les jumeaux vivent leur gémellité plus ou moins fortement, mais toujours de manière très fusionnelle, parfois conflictuelle. On a fait des concerts et de la musique ensemble. Ça c’est génial, mais après on ne s’est pas vues pendant quinze ans. Ça fait longtemps."