Roissy : premières comparutions d'étrangers au pied des pistes

Six étrangers non admis en France ont comparu samedi, au bout des pistes de Roissy.
Six étrangers non admis en France ont comparu samedi, au bout des pistes de Roissy. © ERIC FEFERBERG / AFP
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avec AFP
Les premiers étrangers non admis sur le territoire français après avoir atterri à Roissy, ont comparu samedi au bout des pistes lors d'une audience test.

L'audience s'est déroulée dans une annexe du tribunal de grande instance de Bobigny. Ils sont six étrangers non admis en France après avoir atterri à Roissy, à avoir comparu, parfois valises aux pieds, samedi au bout des pistes. Absence de visa, d'attestation d'accueil ou de billet retour : ils ne remplissent pas les conditions d'entrée dans l'espace Schengen.

Parmi eux, Mohamed, un Algérien de 27 ans, arrivé cette semaine du Panama. Il devait rejoindre Alger avec une escale à Paris, mais n'a jamais repris l'avion pour son pays d'origine. Faute de visa, il a été placé dans la "zone d'attente pour les personnes maintenues en instance" (Zapi), vaste complexe attenant à la salle d'audience, entouré de grilles où les étrangers non admis peuvent être maintenus jusqu'à 20 jours dans l'attente d'une décision d'admission ou de refus.

Les avocats protestent. L'étude de son dossier par la juge des libertés et de la détention (JLD) n'a duré qu'une dizaine de minutes, en présence d'une interprète, d'une fonctionnaire de la police aux frontières et d'une avocate du ministère de l'Intérieur. Mohamed, lui, n'était pas assisté. Les avocats du barreau de Seine-Saint-Denis ont décidé de ne pas participer à ces audiences expérimentales. Ils protestent contre cette délocalisation du TGI de Bobigny qu'ils jugent contraire aux principes de justice, notamment la publicité des débats, l'annexe étant difficile d'accès, au cœur de la zone de fret de l'aéroport. Après un court délibéré, Mohamed a appris qu'il n'était pas libérable et serait maintenu pendant huit jours supplémentaire dans la Zapi.

"Un avantage en termes humanitaires." Pour Renaud Le Breton de Vannoise, président du TGI de Bobigny, présent à cette audience test, la "proximité de la Zapi" et de l'annexe du tribunal "est un avantage en termes humanitaires". Dans le système actuel, les étrangers "doivent se lever très tôt, sont transportés par un car de CRS jusqu'au tribunal où ils sont conduits au deuxième sous-sol avant d'être groupés dans une petite salle d'attente borgne" puis d'être appelés à la barre, a-t-il expliqué. Ils ne repartent que "très tard en fin de journée", quand toutes les décisions ont été rendues.

"La dignité, ils s'en foutent. Ce qu'ils veulent, c'est expulser plus vite", s'est, quant à lui, agacé Alexandre Moreau, président de l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), également présent.