REPORTAGE - À Mourenx, la maison de retraite débordée : "Attendre qu'une place se libère c'est attendre qu'un résident décède"

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© Carole Ferry pour Europe 1
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Carole Ferry, édité par Romain David , modifié à
EN DIRECT DE MOURENX, JOUR 5 - Europe 1 s'est installée cette semaine à Mourenx, dans le Béarn, où les infrastructures peinent à faire face au vieillissement de la population. Certains habitants doivent donc s'improviser aide-soignant en attendant qu'une place en Ehpad se libère.

>> Toute la semaine, deux reporters d'Europe 1 posent leurs valises à Mourenx, une commune de 7.000 habitants située dans les Pyrénées-Atlantiques. Le but ? Vous donner la parole et entendre vos problématiques quotidiennes. Retrouvez nos reporters en direct de Mourenx tous les jours à 7h12, dans les journaux de la matinale ainsi que ceux de Raphaëlle Duchemin et Pierre de Vilno entre 12h et 14h et de Matthieu Belliard de 17h et 20h.

Une maison de retraite pleine à craquer et une liste d’attente décourageante. La ville de Mourenx manque d’un Ehpad supplémentaire. Les habitants qui ont une personne âgée dépendante à placer se débrouillent comme ils peuvent, et les offres d’emploi d’aide à domicile se multiplient.

>> Vendredi, Europe 1 installe sa matinale à Mourenx. Nikos Aliagas et Jean-Michel Aphatie sont sur place, avec de nombreux invités, pour une émission en public. SUIVEZ NOTRE LIVE

"Mon mari est sur six listes d'attente". Il y a 60 ans, quand Mourenx est sortie de terre pour accueillir les travailleurs du bassin de Lacq, il n'y avait pas un seul retraité. Désormais, la ville compte 45 % de seniors. 70 familles attendent ainsi sur une longue liste d’attente qu’une chambre se libère. Et lorsqu'il n'y a pas de place pour les personnes dépendantes, ce sont les familles qui assurent le quotidien. "C'est vraiment une galère", confie une habitante qui attend depuis six mois une place pour son époux très lourdement handicapé. "Mon mari est sur six listes d'attente. J'ai fait onze demandes et le souci c'est qu'attendre qu'une place se libère c'est attendre en réalité que l'un des résidents décède. C'est comme ça que ça se passe", explique-t-elle.

Des établissements de luxe... inabordables. '"Vous devenez la baby-sitter du patient. Vous ne sortez plus de chez vous parce que vous avez peur qu'il se passe quelque chose", poursuit cette riveraine. Je ne suis pas aide-soignante, je ne suis pas infirmière. Je peux éventuellement essayer de faire la toilette, mais je ne peux pas le changer, le mettre debout, le mettre dans son fauteuil. […] Je ne peux pas porter mon mari qui est très lourd. Donc, il reste au lit", déplore-t-elle. Cette femme s'est bien vue proposer des places, mais dans des maisons de retraite de luxe, à plus de 3.500 euros par mois. Elle n'a tout simplement pas les moyens. Et puis ça n’est pas à Mourenx.

Un manque de personnel qualifié. La construction d'une nouvelle maison de retraite n'est pas à l'ordre du jour dans cette commune de 7.000 habitants. Bâtir des murs, ajouter des lits serait toujours possible mais ce qui manque, en réalité c'est du personnel, ici comme ailleurs, constate Vincent Wenbrouck, le responsable des Ehpad de la région. "On manque d'aides-soignants de façon nationale. C'est un métier qui est peu reconnu et qui est difficile, surtout qu'en Ehpad, avec une population vieillissante, il y a de plus en plus de pathologies chroniques", explique-t-il. "Leur quotidien est difficile, ils s'épuisent psychologiquement".

En attendant que la situation s'améliore, les Mourenxois vont devoir s'armer de patience, puisqu'il faut souvent attendre plus d'un an avant d'espérer obtenir une place à la maison de retraite.