Rentrée des classes : enseignant, "un métier précarisé à plein de points de vue"

Loys Bonold, Professeur de lettres classiques au lycée Chaptal à Paris
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Romain David , modifié à
Invité chez Nikos Aliagas vendredi matin, Loys Bonold, professeur de lettres dans un lycée parisien, a vivement critiqué les réformes lancées par Jean-Michel Blanquer pour revaloriser sa profession.

Il n'y a pas que les jeunes qui peuvent rechigner à la veille de la rentrée des classes. Les professeurs aussi - qui pour la plupart font leur rentrée vendredi en vue de préparer celle des élèves lundi -, peuvent se montrer démoralisés face à des conditions de travail de plus en plus difficiles. "Beaucoup moins de gens veulent devenir professeur parce qu'ils ont compris ce que c'était aujourd'hui", rapporte ainsi au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1 Loys Bonold, professeur de lettres au lycée Chaptal à Paris. "C'est un métier précarisé à plein de points de vue. Ne serait-ce que le salaire, mais aussi les conditions de travail", relève-t-il.

"Le salaire d'un prof en France, si on le compare avec le reste de l'UE, c'est 15 à 20% [de moins]. On a les professeurs d'Europe parmi les moins bien payés", déplore cet enseignant. "Moi, par exemple, je touche à la mi-carrière 2.500 euros", pour 45 heures par semaine, glisse-t-il.

De vraies réformes ou seulement de la com' ? Et les réforme amorcées par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, sont loin de trouver grâce à ses yeux. "Je suis très en colère, parce que tout ce que dit monsieur Blanquer fonctionne avec les journalistes. […] C'est méchamment de la com'", s'agace Loys Bonold. "Il parle de dictée quotidienne. Vous la voyez la dictée quotidienne ? Il parle d'interdiction du portable. En fait, ils vont être autorisés en classe [les établissements pourront passer outre la loi et les autoriser dans leur règlement intérieur, ndlr]. Il parle de refonder le bac, en fait il est en train de le supprimer", énumère-t-il. "Je suis scandalisé par ça".

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Les risques de la "prime au mérite". L'une des mesures qui agace le plus ce professeur ? La prime de 3.000 euros pour les personnels des établissements scolaires en zone défavorisée, mais qui pourra être conditionnée à "la réalisation d'un projet collectif d'établissement", selon des déclarations du directeur général des ressources humaines au ministère de l'Education national. "Si c'est conditionnel, c'est précarisé", tacle Loys Bonold. "C'est une façon de vous dire : 'si vous bossez bien, vous aurez la petite carotte'. Ça n'est pas comme ça qu'il faut voir les choses", estime-t-il. "Je me méfie du mérite, je vois très bien ce que ça peut donner : est-ce que vous appliquez bien cette réforme à la con ?", conclut-il, agacé.