Refus d'obtempérer : la garde à vue des policiers levée, l'affaire tourne à l'affrontement politique

Commissariat police 3:23
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Gwladys Laffitte et Jacques Serais, édité par Solène Leroux , modifié à
Après leurs tirs suite à un refus d'obtempérer samedi à Paris, les trois policiers impliqués ont présentés à un juge avant que leur garde à vue ne soit levée ce mardi, alors que la passagère est décédée et que le conducteur est grièvement blessé. Une information judiciaire va donc être ouverte, alors que l'affaire prend un tournant éminemment politique.

La garde à vue des trois policiers, accusés d'avoir tiré sur une voiture qui prenait la fuite suite à une tentative de contrôle routier, a pris fin ce mardi midi. Ils ont agi après un refus d'obtempérer dans le 18e arrondissement de Paris le week-end dernier. La passagère de la voiture est décédée, et le conducteur est grièvement blessé. Les agents de police ont été présentés à un juge, avant que leur garde à vue ne soit levée. Une information judiciaire va être ouverte et l'enquête va maintenant être confiée à un juge d'instruction indépendant. Une procédure classique dans ce genre d'affaires.

Trois possibilités à l'issue du passage devant le juge

Ce juge va donc décider ce mardi, après avoir interrogé les policiers, soit de les mettre en examen - ce qui ne veut pas dire qu'ils sont coupables, mais qu'ils pourront avoir accès au dossier et demander des actes d'enquête - soit qu'ils pourront être placés sous le statut moins incriminant de témoin assisté. Ces statuts pourront dans tous les cas évoluer au cours de l'enquête, qui prendra du temps pour établir le déroulé des faits précis et les conditions d'usage des armes.

Une enquête est ouverte pour l'instant pour violences ayant entraîné la mort, n'impliquant pas la notion de meurtre, mais cela aussi peut évoluer. De nombreux témoins doivent être entendus. La vidéosurveillance sera sans doute exploitée, la voiture examinée. De son côté, le conducteur n'a toujours pas été auditionné. Il a été placé en garde à vue très brièvement à l'hôpital. Ses jours ne sont plus en danger, mais il n'est pas encore en état de répondre aux questions pour le moment.

Une tournure politique

À cinq jours du premier tour des élections législatives, l'affaire prend une tournure éminemment politique. Jean-Luc Mélenchon a dégainé le premier lundi, en accusant la police de tuer. "Insulter les policiers déshonore ceux qui veulent gouverner", a écrit en réponse Gérald Darmanin.

Le leader insoumis assume ses propos. Pour Jean-Luc Mélenchon, "ce n'est pas normal que l'on tue quelqu'un parce qu'il y a un refus d'obtempérer dans un pays où la peine de mort n'existe pas". Le leader des Insoumis se défend d'être anti-flics. "Je ne l'ai jamais été", explique-t-il avant de poursuivre, "mais je suis contre un usage disproportionné de la violence".

"Jean-Luc Mélenchon nous aide beaucoup"

Jean-Luc Mélenchon dit vouloir réformer la police, si jamais il devenait Premier ministre, pour changer la doctrine d'usage de la force. Une nouvelle affaire qui, après le chaos au Stade de France il y a dix jours, vient percuter la campagne des législatives. Pour l'heure, Emmanuel Macron n'a pas encore réagi. Mais ce n'est qu'une question de jours.

Jeudi, le chef de l'État effectue un déplacement sur le thème de la sécurité. Selon les informations du service politique d'Europe 1, sa stratégie devrait être la dramatisation, montrer une certaine forme de soutien aux forces de l'ordre tout en expliquant que la justice fera son travail. "Là, avec ces propos, Jean-Luc Mélenchon nous aide beaucoup", lâche un conseiller. La macronie espère que cette séquence relancera un vote utile en faveur de la majorité présidentielle.