Tariq Ramadan a rendez-vous lundi, à sa demande, avec les juges d'instruction à Paris pour donner sa nouvelle version des faits après la révélation de SMS avec l'une des femmes l'accusant de viol. Incarcéré depuis sa mise en examen le 2 février pour les viols de deux femmes, le célèbre islamologue de 56 ans a toujours nié toute relation physique avec "Christelle", surnom dans les médias de la deuxième plaignante de cette affaire.
Un "jeu de séduction". Cette femme a dénoncé l'an dernier une violente agression sexuelle lors de leur unique rencontre, le 9 octobre 2009 à Lyon. Confronté à son accusatrice le 18 septembre, Tariq Ramadan n'avait concédé à nouveau qu'un "jeu de séduction" par téléphone et internet, réaffirmant n'avoir bu qu'un verre avec cette "mythomane" au bar de l'hôtel. Il avait déposé dans la foulée une troisième demande de libération, rejetée depuis. Car sa version avait été contredite la semaine suivante par l'expertise du vieux téléphone de "Christelle", versé au dossier peu après l'incarcération de Tariq Ramadan.
"Désolé pour ma violence". Les magistrats y avaient découverts 399 SMS échangés entre eux du 31 août au 15 décembre 2009 et qui témoignaient d'un premier rendez-vous planifié. Tariq Ramadan y détaillait à l'avance ses fantasmes sexuels violents et dominateurs, qui concordent avec la description initiale des faits par "Christelle": gifles, coups de poing, cheveux tirés, humiliations... "J'ai senti ta gêne... désolé pour ma violence", reconnaissait-il au lendemain de leur rencontre.
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Le système Ramadan. L'avocat de l'intellectuel, Me Emmanuel Marsigny, avait réagi en analysant ces messages comme la preuve d'une relation annoncée et consentie. Il avait alors réclamé cette nouvelle audition de lundi pour que son client - qui a déjà reconnu en juin des relations dominatrices avec plusieurs maîtresses - puisse s'expliquer sur ces nouvelles révélations. À l'inverse, l'avocat de "Christelle" avait salué "un tournant majeur". "C'est le système Ramadan qui est mis au jour", avait commenté Me Eric Morain, pointant "l'emprise psychologique et religieuse" exercée sur plusieurs femmes.