Protection de l'enfance : à Aubervilliers, on accompagne les jeunes jusqu'à leurs 21 ans

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Zoé Pallier, édité par Manon Fossat , modifié à

Graver dans le marbre la fin des sorties sèches de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) à 18 ans, interdire l'accueil des mineurs à l'hôtel, mieux rémunérer les familles d'accueil : le Parlement a adopté mardi un projet de loi relativement consensuel sur la protection des enfants. Mais dans certains centres, on suit déjà les jeunes majeurs jusqu'à leur 21 ans pour leur permettre de s'insérer. Europe 1 s'est redue dans un centre à Aubervilliers qui expérimente déjà ce dispositif.

Les députés ont voté mardi le projet de loi sur la protection de l’enfance . Un texte consensuel, pour réformer le dispositif d’encadrement des enfants placés. Parmi les mesures phares, la fin des "sorties sèches" du système d’Aide sociale à l’enfance (ASE), dont dépendent 300.000 jeunes. Actuellement, ils doivent en effet quitter leur famille d’accueil ou leur foyer dès qu’ils ont 18 ans et se retrouvent souvent en situation d’errance. Cette loi leur permet désormais d'être accompagnés jusqu'à leur 21 ans, mais dans certaines associations comme le groupe SOS, on expérimente déjà ce dispositif en accueillant de jeunes majeurs pour leur permettre de s'insérer. C'est le cas dans un centre d'Aubervilliers, où Europe 1 s'est rendue.

Des murs tapissés de photos, des canapés moelleux, des sachets de thé éparpillés. "C’est comme à la maison", sourit David, arrivé ici il y a deux ans. Il a été contraint de quitter sa famille d’accueil, alors qu’il n’avait pas fini de grandir. "On est conditionné. A partir de 14 ou 15 ans, on me disait qu’à mes 18 ans je devrai partir. On n’a pas tous cette chance, mais moi j’ai eu la même famille d’accueil de mes neuf mois à mes 18 ans. On est encore tout jeune et pas préparé à quitter le cocon familial", raconte-t-il.

"Suivre les jeunes jusqu'à la fin de leur reconstruction"

Livré à lui-même, David a frôlé le décrochage scolaire. Mais ici il a retrouvé un cadre avec un logement, des rendez-vous chez le psy, des activités entre jeunes et un dialogue apaisé avec les adultes. "L’objectif maintenant c’est de pouvoir valider mon année. Et ça je n'aurais pas pu le faire si je n'avais pas été poussé par mon éducateur", reconnaît le jeune homme.

Son éducateur, c’est Frédéric. "Quand il est arrivé chez nous, c’était difficile", assure ce dernier. Il encadre une trentaine de jeunes dont certains ont été ballotés de foyer en foyer depuis 18 ans et ont parfois dû dormir dehors. "C’est très compliqué pour la plupart de nos jeunes. Il faut vraiment qu’on continue à les suivre jusqu’à la fin de leur formation, ou déjà, de leur reconstruction", appelle Frédéric. Et quand ils doivent quitter le centre à leur 21 ans, ces jeunes se disent autonomes, prêts à chercher un travail et un nouveau logement. 

Parmi les personnes sans abris en France, un quart sont des adultes ayant grandi en famille d'accueil ou en foyers, une aide sociale dont dépendent 300.000 jeunes aujourd'hui.