Au Brésil, les pauvres doivent demander au vendeur avant de toucher certains produits

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Marie Naudascher, Louise-Adélaïde Boisnard , modifié à
De la crème solaire, des piles ou encore de la pâte à tartiner sous cadenas ou dans des vitrines fermées, c'est une réalité dans les supermarchés des banlieues pauvres de Sao Paulo. Notre correspondante Marie Naudascher nous explique dans La Revue de presse internationale pourquoi cette mesure discrimine les pauvres au Brésil et fait polémique.

Dans les supermarchés des banlieues pauvres de Sao Paulo au Brésil, impossible de faire ses courses sans être accompagné par un vendeur. De nombreux produits du quotidien sont mis sous clé et donc inaccessible aux clients. Ceux qui sont en libre service sont vendus avec des pièces manquantes pour être sûr de ne pas être volés.

Des produits en kit ou sous clé

D'après le journal Fohla de S. Paulo qui a sorti l'affaire, cette mesure est de plus en plus courante dans les banlieues de la ville. Les plus pauvres ne peuvent pas acheter de pâte à tartiner, de viande ou de rasoir sans l'autorisation d'un vendeur qui leur donne accès aux produits. Certains biens sont sur des étagères et sont non-protégés ... mais ils sont en kit. Par exemple, les déodorants sont présentés sans le bouchon du spray, impossible donc de les utiliser sans la pièce manquante, qui ne sera donnée qu'en caisse.

Une mesure qui choque l'Institut de Protection des Consommateurs brésilien : tout le monde devrait avoir accès aux produits tel quel.

117 millions de Brésiliens souffrent de la faim

Cette distinction entre les supermarchés des quartiers riches et des quartiers pauvres implique donc que les pauvres sont des voleurs et des criminels.

Cette mesure intervient dans un contexte très tendu de crise économique et sanitaire. Environ 55% des Brésiliens, soit 117 millions de personnes souffrent d’une forme d’insécurité alimentaire (grave, modérée ou légère) d'après le réseau de recherche brésilien sur la souveraineté et la sécurité alimentaires et nutritionnelles (Rede Penssan).