Procès d'un abbé accusé de pédophilie : "J'étais demandeur d'affection"

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Salomé Legrand, édité par Mathilde Belin , modifié à
Le procès en correctionnelle d'un abbé accusé de pédophilie et d'un évêque poursuivi pour non-dénonciation s'est ouvert mardi à Orléans, en l'absence de l'évêque. 

Le procès s’annonçait historique : un abbé accusé de pédophilie et l’ancien évêque d’Orléans, poursuivi pour non-dénonciation de ces crimes, étaient renvoyés mardi devant le tribunal correctionnel d’Orléans. Ce devait être la deuxième fois en France qu’un évêque était jugé pour de tels faits, mais Monseigneur André Fort ne s’est finalement pas présenté au tribunal mardi. 

L’avocat de Mgr Fort a glissé in extremis lundi soir un certificat médical sous la porte de la présidente du tribunal, expliquant que l’homme de 83 ans était "souffrant" après une intervention chirurgicale récente. Cette absence a déçu les trois victimes présentes au procès mardi, et a agacé jusqu’au procureur, qui a hésité longuement à envoyer un médecin légiste pour vérifier son état de santé.

Procès d'un abbé accusé de pédophilie : "j'étais demandeur d'affection"

De fausses visites médicales. C’est donc seul que l’abbé Pierre de Castelet, 69 ans, a comparu à la barre. Poursuivi pour atteintes sexuelles sur mineurs, il est accusé d’avoir organisé, lors d’un camp d’été en 1993, de fausses visites médicales à de jeunes garçons, sous prétexte de compléter des dossiers administratifs, jeunes garçons sur lesquels il s’est livré à des attouchements.

"Demandeur d’affection". Vingt-cinq ans après, l’abbé a reconnu les faits, mais peiné à les décrire. "J’étais isolé, demandeur d’affection, j’avais envie de me rapprocher d’eux", a-t-il bafouillé, sans pouvoir dire s’il se rendait compte de l’illégalité de ses actes ou du mal qu’il causait à ses adolescents, alors âgés de 11 à 13 ans. Les victimes, qui se sont constituées parties civiles, ont elles eu moins de mal à s’exprimer. "Ça a eu un impact sur toute ma vie, c’est là que mon enfance s’est arrêtée", a notamment confié l’une d’elles.

Trois ans de prison, dont six mois avec sursis, ont été requis contre l'abbé Pierre de Castelet par le procureur mardi soir. Concernant Mgr André Fort, le procureur a requis un an ferme avec mandat d'arrêt. Le jugement a été mis en délibéré au 22 novembre.