Prisons : "Les phénomènes graves sont peu nombreux, cela ne signifie pas qu'il n'y a pas une difficulté", estime Nicole Belloubet

Nicole Belloubet, Europe 1, 1280
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Grégoire Duhourcau , modifié à
La ministre de la Justice estime que, dans les prisons, "les évasions sont assez peu nombreuses". Elle reconnaît toutefois "une difficulté" liée à "la surpopulation dans les établissements pénitentiaires".
INTERVIEW

Les prisons françaises sont-elles à bout de souffle ? "Les surveillants pénitentiaires doivent faire face à des phénomènes de violence", reconnaît Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, sur Europe 1, au lendemain de la prise dotoage d'une infirmière à la prison de Salon-de-Provence et de la double évasion à la prison de Colmar. Elle souligne malgré tout que "les phénomènes graves sont relativement peu nombreux numériquement" même si "cela ne signifie pas qu'il n'y a pas une difficulté".

"Un plan de construction de place pénitentiaires" présenté à l'automne. "La difficulté nous la connaissons, c'est la surpopulation dans les établissements pénitentiaires. C'est la raison pour laquelle, dans le projet de loi que je présenterai à l'automne, il y a des mesures sur les peines et puis également un plan de construction de places pénitentiaires", confie-t-elle.

Parmi "les phénomènes graves" qu'évoque Nicole Belloubet, il y a plus particulièrement l'évasion de Redoine Faïd de la prison de Réau. La garde des Sceaux a présenté lundi les conclusions d'un rapport sur ce dernier événement, survenu il y a un mois. "Il y a des défaillances liées à la sécurité passive de l’établissement", explique-t-elle.

Des "éléments qui méritent d'être retravaillés" à la prison de Réau. La première de ces défaillances, c'est que "la cour d'honneur de l'établissement n’était pas couverte de filins anti hélicoptère" : "C'est peut-être une erreur a posteriori mais cela avait été pensé parce que, dans cette cour d’honneur, théoriquement, les détenus n’y circulent jamais. On n’avait pas pensé à recouvrir cette cour de filins, on va le faire maintenant."

Nicole Belloubet évoque par ailleurs "des problèmes architecturaux" à la prison de Réau "avec des portes qui, sans doute, étaient mal situées" ou encore une "organisation des parloirs qui mérite d’être revue". Il y a "un certain nombre d’éléments qui méritent d’être retravaillés", détaille-t-elle.

"Le personnel a été sidéré" au moment de l'évasion. Par ailleurs, au moment de l'évasion de Redoine Faïd, "le personnel a été sidéré" : "Ils ont fait ce qu'ils avaient à faire. C'est-à-dire qu'ils ont tenté de joindre les forces de l'ordre mais cela n'a pas été possible. En revanche, ils n’ont pas utilisé les armes qui étaient à leur disposition et a posteriori, c’est heureux car cela aurait pu entraîner des drames humains qui auraient été encore plus douloureux."