Prisons : l'administration demande le report de titularisation des stagiaires grévistes

Une centaine de surveillants-stagiaires avait participé au mouvement de grève de janvier dans les prisons.
Une centaine de surveillants-stagiaires avait participé au mouvement de grève de janvier dans les prisons. © JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
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avec AFP , modifié à
L'administration considère que les stagiaires n'ont pas pris leur postes "sous la pression de leurs pairs" mais estime cependant que ceux concernés par la demande de report ont "directement enfreint" le code de déontologie.

Près d'une centaine de surveillants-stagiaires ayant participé au mouvement de grève de janvier dans les prisons  devraient voir leur titularisation repoussée, a-t-on appris jeudi auprès de la direction de l'administration pénitentiaire (DAP), qui dit avoir fait face à une "situation inédite". "Historiquement, c'est à dire jusqu'au mouvement de janvier dernier, les organisations syndicales préservaient systématiquement les stagiaires" lors des mouvements sociaux, estime l'administration, pour qui les syndicats ont "levé un tabou"."C'est la première fois qu'on tape sur les jeunes", juge de son côté une source syndicale, qui parle d'une mesure "inadmissible" et dénonce la "mesquinerie" de la DAP. 

Les stagiaires "écœurés". Lucas, prénom d'emprunt, fait partie des 91 stagiaires qui se sont vu notifier une demande de report de titularisation. Lui et ses camarades concernés sont "écœurés", dit-il. "Pour nous c'était vraiment délicat. D'un côté on avait les menaces de sanctions, de l'autre la pression des collègues titulaires", dit-il, rappelant les "sifflets" pour ceux qui prenaient le service. Solidaire au mouvement, il dit avoir pourtant travaillé la très grande majorité de sa durée, dans des conditions encore plus difficiles que d'ordinaire : les heures supplémentaires le matin à cause des blocages, les effectifs réduits pour gérer des détenus souvent privés de promenades, activités, parloirs et "à cran". "Vers la fin, on ne sentait vraiment pas en sécurité", raconte celui qui reconnaît s'être senti "soulagé" à la fin du mouvement. 

Le code de déontologie "enfreint". Si l'administration considère que les stagiaires n'ont pas pris leur postes "sous la pression de leurs pairs", elle estime cependant que ceux concernés par la demande de report ont "directement enfreint" le code de déontologie qui s'applique à leur métier. Les sanctions, qui "ne seront pas uniformes", seront discutées lors d'une commission fin mars, a précisé la DAP.