Pour la première fois, le denier de l'Église est en baisse

Une baisse de 5,5% des dons à l'Eglise, une situation inédite.
Une baisse de 5,5% des dons à l'Eglise, une situation inédite. © JOSE JORDAN / AFP
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Salomé Hénon--Cohin
Instauré en 1905 lors de la mise en place de la loi sur la séparation de l'Église et de l'État, le denier de l'Église a reculé de 5,5% en 2017, une situation inédite qui peut être expliquée par des facteurs économiques et sociétaux. 

"Merci". C'est le nom de la campagne de dons lancée par l'Église en ces jours de fêtes. Elle compte reconquérir ses donateurs pour endiguer la baisse significative du denier en cette fin d'année : -5,5% de dons, constate le Parisien

La principale source de revenus. Au sein des diocèses français, les dons des fidèles représentent la source de revenus la plus importante que perçoit l'institution. Sur 100 euros reçus par un évêché, 40 euros proviennent de dons. Ils servent principalement à payer les salaires des prêtres et des employés des diocèses. Ces dons n'étant pas centralisés à l'échelle nationale, leur montant varie considérablement entre diocèses : dans le Massif Central, les dons ont baissé de près de 10% depuis l'année dernière, alors que dans certaines grandes villes, ils ont augmenté de 3%. 

Des raisons économiques et sociales. Selon Ambroise Laurent, secrétaire général adjoint de la Conférence des Évêques de France (CEF) en charge des finances, que Le Parisien a pu interroger, cette baisse du denier de l'Eglise est significative et s'inscrit dans un contexte économique français particulier. La première raison est, selon lui, "le déclin de la pratique religieuse" qui vient s'ajouter à d'autres aspects, plus éloignés de l'Eglise elle-même. 

La réforme fiscale de l'impôt de solidarité sur la fortune, l'ISF, aurait eu un impact négatif sur les dons, selon la CEF. L'impôt sur la fortune immobilière, qui l'a remplacé, concerne désormais deux fois moins de contribuables que l'ISF, ce qui aurait contribué à faire baisser les dons.

Ensuite, la CEF suggère que le passage au prélèvement à la source des contribuables au 1er janvier ait eu un impact négatif sur les dons, les donateurs n'étant pas au courant des modalités de dons. Enfin, les scandales de pédophilie au sein de l'Eglise catholique ont, toujours selon Ambroise Laurent, "marqué les donateurs". 

L'Eglise est donc contrainte de faire des économies, notamment en réduisant le nombre de séances de catéchisme, préconise le secrétaire général adjoint. "Les charges comme le chauffage dans les églises devront également baisser", regrette-t-il, tout en espérant que la moitié des catholiques pratiquants qui ne donnent pas feront un geste.