Pollution : le Sénat partie civile contre un médecin qui avait menti sous serment

Michel Aubier, pneumologue réputé, avait passé sous silence ses liens avec l'industrie pétrolière lors d'une audition à la Haute Assemblée alors qu'il avait prêté serment.
Michel Aubier, pneumologue réputé, avait passé sous silence ses liens avec l'industrie pétrolière lors d'une audition à la Haute Assemblée alors qu'il avait prêté serment. © AFP
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avec AFP
Michel Aubier, pneumologue réputé, avait passé sous silence ses liens avec l'industrie pétrolière lors d'une audition à la Haute Assemblée alors qu'il avait prêté serment.

Le Sénat a décidé de se constituer partie civile contre un pneumologue réputé, Michel Aubier, qui avait passé sous silence ses liens avec l'industrie pétrolière lors d'une audition à la Haute Assemblée alors qu'il avait prêté serment, a annoncé mercredi son bureau.

Il risque jusqu'à cinq ans de prison. Le professeur Aubier doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris le 14 juin. Il risque jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Selon publicsenat.fr, qui a eu la primeur de la décision du bureau du Sénat, il s'agit d'une première. Le cabinet du président du Sénat, Gérard Larcher (LR), s'est refusé à confirmer ce caractère inédit ainsi qu'à tout commentaire. "C'est la suite logique d'une procédure engagée il y a longtemps", a justifié un membre du bureau, ajoutant que "c'est une décision qui, d'ailleurs, n'a pas fait débat entre nous".

Un nombre de pathologies respiratoires "extrêmement faible". "Je n'ai aucun lien d'intérêt avec les acteurs économiques", avait déclaré le 16 avril 2015 le professeur Aubier, en préambule de son audition par la commission d'enquête du Sénat "sur le coût économique et financier de la pollution de l'air", après avoir juré, la main levée, de "dire toute la vérité". Le professeur Aubier avait notamment déclaré que "le nombre de cancers dans les pathologies respiratoires (...) liées à la pollution est extrêmement faible".

Jusqu'à 60.000 euros par an du groupe Total. Un an plus tard, après des révélations de Libération et du Canard enchaîné, il avait reconnu en mars 2016 devant la commission sénatoriale qu'il touchait de 50.000 à 60.000 euros par an du groupe pétrolier Total depuis la fin des années 1990. Le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch, qui avait dit tout ignorer de la collaboration de Michel Aubier avec Total, avait annoncé en avril 2016 l'obligation pour les médecins de l'AP-HP de déclarer leur activité rémunérée au profit des industriels.

Michel Aubier plaidera la relaxe. La présidence du Sénat avait signalé en avril 2016 le cas de ce médecin au parquet, qui avait ouvert une enquête préliminaire. Le médecin, ancien chef du service de pneumologie à l'hôpital Bichat à Paris, avait évoqué un acte non intentionnel, selon une source proche de l'enquête. Son avocat François Saint-Pierre avait fait savoir qu'il plaiderait la relaxe, précisant qu'il était par ailleurs membre de la fondation Total, chargé d'organiser l'action humanitaire. Trois ONG, Écologie sans Frontières, Génération future et Le rassemblement pour la planète, ont décidé également, en mars, de se porter civile.