Quand Vigipirate cause l'annulation des kermesses de fin d'année

Des enfants dans une cour de récréation à l'école.
Des enfants dans une cour de récréation à l'école (photo d'illsutration). © THOMAS SAMSON / AFP
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Guillaume Biet avec CB , modifié à
Le ministère de l'Education a diffusé de nouvelles consignes de sécurité, jugées trop contraignantes par certains directeurs d'école, qui ont préféré annuler leur kermesse.

Le plan Vigipirate vire au casse-tête pour la fin de l’année dans les écoles en Ile-de-France. Après l'annulation des sorties scolaires dans la région Ile-de-France, notamment en raison de l'interdiction de prendre les transports en commun et de fréquenter les sites touristiques sensibles, ce sont les fêtes de fin d'année qui sont menacées. Le ministère de l’Education a récemment diffusé de nouvelles consignes de sécurité, jugées trop contraignantes par certains directeurs d'écoles maternelles et élémentaires, qui ont préféré annuler leur kermesse. Mais la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem a tenu à montrer son attachement pour les fêtes de fin d'année qui "doivent se tenir".

Des recommandations plus que des obligations. Ces consignes, assez générales, ont été envoyées par le ministère de l'Education le 15 avril, puis transmises aux directeurs d'écoles franciliennes pendant les vacances de Pâques. La seule obligation imposée au directeur d'école est de signaler à la préfecture et à l'inspection à quelle date la kermesse est organisée. Pour le reste, il s'agit de simples recommandations, à adapter en fonction des écoles.

"On n'est pas des agents de police". Sauf que plusieurs dizaines de directeurs prennent ces consignes au pied de la lettre, comme c'est le cas à Vincennes, Viry-Châtillon, Plaisir, Saint-Mandé, Villiers-sur-Marne ou encore Roissy-en-Brie. Et ils expliquent - en off - qu'on les oblige à filtrer les entrées, à fouiller les sacs, à s'assurer de l'identité de toutes les personnes qui viendraient à la fête de l'école. "On n'est pas des agents de police", estiment-ils. Ils préfèrent donc annuler la kermesse.

Et bien souvent, lorsque les directeurs doivent expliquer aux parents d'élèves les raisons de l'absence de kermesse, la pilule passe mal. "On a appris le 20 mai, lors d'un entretien que nous avions demandé avec la directrice, qu'il n'y allait pas avoir de fête d'école. Elle nous a dit qu'elle avait reçu un mot, une circulaire concernant le plan Vigipirate, et qu'au niveau des entrées et des sorties, ce n'était pas suffisamment sécurisé. Du coup, ils ne vont pas faire la fête d'école à cause du plan Vigipirate", déplore Rizelène, une mère d'élève de Valenton.

"On va l'organiser". Mais la mère de famille ne compte pas en rester là et entend bien organiser une kermesse, coûte que coûte. "On s'est penché sur cette circulaire, on a vu qu'a aucun moment elle dit que c'est interdit. Elle précise juste qu'il y a des consignes de sécurité à respecter. En tant que parents élus cela nous a choqués. On est très en colère. On ne veut pas rester sur un refus. Donc on s'est dit : on va l'organiser. Toute ma jeunesse j'ai connu des fêtes de fin d'année. Et ça reste quand même gravé dans la mémoire de nos enfants. Nous, on va essayer de l'organiser, à notre petit niveau, pour finir l'année sur une note positive. Il ne faut pas tomber dans la psychose", estime-t-elle.

Des compromis trouvés. D'ailleurs, la majorité des établissements parisiens ont fait le choix de maintenir la kermesse, appuyée par les parents d'élèves qui prennent parfois le relais en termes d'organisation. Sauf qu'à l'excès de prudence des directeurs d'école, s'ajoute celle des mairies, comme à Paris, où la Direction des affaires scolaires a imposé des mesures bien plus fermes que celles du rectorat. Si bien qu'à Paris, des directeurs d’école s’interrogent encore, et ne savent pas s’ils vont organiser ou non la traditionnelle fête de fin d'année. Le compromis choisi est bien souvent de restreindre les horaires et de filtrer davantage les entrées. Et les élèves les moins chanceux auront seulement le droit à un goûter en petit comité.

"Je souhaite que les kermesses aient lieu". Forcée de réagir, la ministre de l'Education a assuré qu'elle souhaitait que les fêtes de fin d'année soient maintenues. "Je souhaite que (les kermesses) aient lieu, comme les années précédentes, avec des conditions de sécurité qui seront mieux assurées. Nous sommes évidemment au travail, avec les préfectures en particulier, pour que les conditions de sécurité soient relevées", a-t-elle poursuivi. "Ces moments de convivialité" de fin d'année, qui permettent que "les familles soient associées à la scolarité", "doivent se tenir, j'y tiens", a-t-elle insisté.