Pièce posthume de Charb : Charlie Hebdo proteste contre une demande d'annulation

"Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes", écrite par Charb, était parue après l'attentat ayant visé la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Image d'illustration.
"Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes", écrite par Charb, était parue après l'attentat ayant visé la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Image d'illustration. © AFP
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avec AFP , modifié à
Le syndicat étudiant Solidaires a demandé l'annulation de cette représentation de la pièce de Charb prévue mercredi soir. 

Charlie Hebdo dénonce dans son édition de mercredi la demande d'annulation, de la part d'un syndicat étudiant, d'une représentation du texte de Charb, Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes, prévue à Paris.

Le syndicat Solidaires s'oppose à la représentation. Le syndicat étudiant Solidaires de l'université Paris 7-Denis Diderot a demandé à la présidence de l'université l'annulation de cette représentation, prévue mercredi à 18h dans un amphithéâtre de 160 places, déjà complet selon l'université. Dans l'ouvrage visé, publié après l'attentat du 7 janvier 2015 contre le siège du journal, où il a été tué avec 11 autres personnes, Charb répondait à ceux qui accusaient son journal de provocations répétées à l'encontre des musulmans.

Déjà annulé deux fois à Lille. "La pièce (...) est une nouvelle fois la cible des censeurs", dénonce le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Riss, dans un édito. "En 2018, ce sont les étudiants qui censurent, interdisent, bâillonnent, comme le faisait la police de De Gaulle en mai 1968, avec pour objectif de réprimer et de faire évacuer de la Sorbonne les agitateurs comme Charb". Après avoir été annulée à deux reprises à Lille, en mars et en mai 2017, soulevant une polémique, la pièce avait été jouée sous haute surveillance au festival d'Avignon.

Le débat sur la laïcité mis en cause. Du côté du syndicat étudiant, on explique que le problème n'est pas tant la pièce que le débat qui la suit. Il doit réunir les responsables du spectacle, le metteur en scène Gérald Dumont et la directrice des ressources humaines de Charlie Hebdo, Marika Bret, ainsi que le vice-président à la Vie culturelle de l'université, l'ethnologue Pascal Dibie, et la chercheuse en arts du spectacle Isabelle Barbéris. "Ce qui nous dérange le plus c'est qu'on appelle à un débat sur la laïcité, dont les conclusions semblent déjà tirées dans la description faite de l'événement", a souligné un porte-parole de Solidaires, alors qu'un appel anonyme à manifester devant l'amphithéâtre a par ailleurs été lancé en ligne. "Il semble apparent que le débat sera centré sur la question de l'islam et consistera à remettre en cause la lutte contre les violences racistes islamophobes et la parole de leurs victimes", souligne le syndicat dans sa lettre à la présidence.