Paris : l'enseigne "Au Nègre Joyeux", rappel de l'esclavage, va quitter le Ve arrondissement

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L'enseigne "Au Nègre Joyeux" va quitter la façade de la rue Mouffetard © Wikipedia
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avec AFP , modifié à
Cette enseigne installée rue Mouffetard au-dessus d'une ancienne chocolaterie va être restaurée puis exposée au musée Carnavalet qui raconte l'histoire de la ville de Paris. Une décision qui ne fait pas l'unanimité.

L'enseigne "Au Nègre Joyeux", ultime vestige d'une ancienne chocolaterie parisienne et rappel des "crimes de l'esclavage", va devoir quitter sa façade du Ve arrondissement pour entrer au musée, a décidé lundi le Conseil de Paris.

Une peinture polémique. La peinture sur toile représentant un Noir debout, serviteur ou esclave, et une Blanche de la haute société, objet de polémiques récurrentes, va être enlevée du 14 rue Mouffetard pour être rénovée puis exposée au musée Carnavalet, musée de la Ville de Paris.

Le Conseil de Paris, très partagé, a voté cette décision proposée par le groupe communiste qui a dénoncé une "présence insultante et blessante" sur l'espace public, qui rappelle les "crimes de l'esclavage", selon Raphaëlle Primet. Le groupe demande également la création d'un musée de l'esclavage.

"Il vaut mieux expliquer les traces de notre histoire". Bruno Julliard, premier adjoint de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, a appelé à voter l'amendement communiste, de crainte d'une éventuelle "instrumentalisation" d'un rejet de la proposition. Mais "je pense qu'il faut faire le pari de l'intelligence de nos concitoyens et qu'il vaut mieux expliquer les traces de notre histoire", a-t-il indiqué.

"Je ne pense pas que le meilleur travail pédagogique soit d'effacer ces traces et de les réserver à un musée", a-t-il ajouté en citant associations noires ou historiens eux-mêmes divisés sur le sujet. "C'est une mauvaise décision", a précisé Bruno Julliard, qui ne "désespère pas de revenir dans quelques mois devant le Conseil de Paris avec une proposition consensuelle".

Une plaque explicative plutôt qu'une disparition. La maire Les Républicains du Ve arrondissement Florence Berthout, rappelant que "l'esclavage fut une abomination", a estimé au contraire que ce type d'enseigne était un "marqueur de notre continuité historique et le marqueur d'une époque", en plaidant, comme les habitants, pour une plaque explicative apposée à proximité.

Sandrine Mees pour les écologistes s'était également prononcée pour le maintien de l'enseigne, "pour ne pas cacher l'histoire, mais au contraire pour se souvenir". L'enseigne, seul élément subsistant d'une chocolaterie qui aurait été ouverte en 1748, non signée a été probablement commandée à un fournisseur spécialisé dans ce type de création au XVIIIe ou XIXe siècle.