Nucléaire : la France se défend d'avoir commis un "crime contre l'humanité" en Polynésie

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Un des sites polynésiens à partir duquel l'armée française a mené des essais nucléaires. © GREGORY BOISSY / AFP
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avec AFP , modifié à
Pour le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française, la plainte envisagée par l'Église protestante "manquerait de fondements".

Une plainte contre l'État français pour crime contre l'humanité, que veut déposer l'église protestante de Polynésie française suite aux essais nucléaires français de Moruroa et Fangataufa, "manquerait de fondement", a estimé lundi le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française René Bidal. 

193 essais de 1966 à 1996. "L'outrance est toujours mauvaise conseillère" a écrit lundi (mardi à Paris) dans un communiqué René Bidal, qui représente l'État français dans cette collectivité d'outre-mer. Dimanche, l'Église Protestante Maohi, qui regroupe les protestants polynésiens, avait annoncé son intention de poursuivre la France devant la Cour pénale internationale, considérant que les 193 essais nucléaires de Moruroa et Fangataufa, entre 1966 et 1996, relevaient du "crime contre l'humanité".

"L'État est loin d'être indifférent". Une telle plainte "manquerait de fondement" a assuré René Bidal, jugeant que "les tirs d'essais nucléaires en Polynésie française ne correspondent évidemment pas" à la définition de crimes contre l'humanité. "L'État est loin d'être indifférent aux conséquences sanitaires et environnementales des essais nucléaires, lesquelles ont été récemment reconnues par le Chef de l'État dans des paroles fortes qui étaient attendues, en Polynésie, depuis de nombreuses années", a-t-il insisté. En février, François Hollande avait reconnu, lors de sa visite dans l'archipel du Pacifique sud, que les essais nucléaires menés en Polynésie française avaient eu "un impact" sur l'environnement et la santé.

Indemnisation des malades. Par ailleurs, le décret d'application de la 'loi Morin' de 2010 "va être modifié dans un sens nettement plus favorable à l'indemnisation des malades", a rappelé le Haut-Commissaire. Les associations de défense des victimes des essais nucléaires en Polynésie dénoncent régulièrement le faible nombre de victimes indemnisées. Enfin une convention cadre doit "permettre, dès 2017, le financement de nouveaux équipements pour les services de radiographie, de radiologie et de traitement contre les cancers" du centre hospitalier de Polynésie française, a-t-il précisé.