Avocats Toulouse 1:55
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Lionel Gougelot, édité par Rémi Duchemin , modifié à
A l’occasion de la quatrième journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites, les avocats bloquent l’institution judicaire pour tenter de préserver leur système autonome. Exemple à Lille, où les "robes noires" assurent défendre les plus modestes.  
REPORTAGE

Il est de nombreuses professions qui ont obtenu, dans le cadre de la réforme des retraites, de conserver un régime spécifique. C’est le cas des policiers, militaires pilote d’avion ou encore des marins. Ce n’est pas le cas en revanche des avocats, dont le système autonome est bénéficiaire, mais qui est menacé par le projet du gouvernement. Alors les avocats organisent jeudi, à l’occasion de la quatrième journée de mobilisation interprofessionnelle, une journée "justice morte".

C’est le cas à Lille, où les "robes noires" manifestent devant le tribunal, où les audiences sont renvoyées et l’accès interdit aux justiciables. "Tout est renvoyé, monsieur. Vous allez avoir une nouvelle date d’audience", explique une avocate à un homme venu rencontrer un juge d’application des peines. "On fait ça aussi pour vous défendre. Parce que sinon nos cabinets vont devoir fermer. Et vous n’aurez plus accès à la justice", explique-t-elle.

Avec la réforme de leur système autonome de retraites, les avocats verraient en fait leur taux de cotisation multiplié par deux. Cela condamnerait un tiers des cabinets d’avocats, notamment ceux qui défendent les plus modestes. "Les gens qui auront besoin de ces petits cabinets, qui pouvaient pratiquer l’aide juridictionnelle, ne pourront plus demain, à case de la hausse des cotisations", assure Amélie Machez, avocate au barreau de Lille, interrogée par Europe 1. "Donc c’est absolument nécessaire que les gens comprennent qu’on ne fait pas ça pour nous, qu’on fait ça aussi pour eux."

"Prêts à paralyser l'institution jusqu'en haut"

Pour défendre leur régime autonome, les avocats lillois comme Dimitri Betrémieux sont prêts à poursuivre le mouvement, quitte à paralyser l’institution judiciaire. "Nous sommes prêts à ça, nous sommes prêts aussi à envisager d’autres moyens d’action, comme une grève du zèle, qui pourraient avoir pour objet de paralyser l’institution jusqu’en haut, bien sûr", prévient le conseil. Nous sommes prêts à tout pour nous faire entendre, parce qu’on ne nous écoute pas."

Ce matin, les avocats lillois ont symboliquement jeté leur robe noire sur le pavé de la salle des pas perdus. Un geste fort, qui illustre leur colère, mais aussi leur détermination.