Meurtre de Sarah Halimi : le suspect "peut être à nouveau dangereux", estime Francis Szpiner

Szpiner
Francis Szpiner était l'invité de Wendy Bouchard, dimanche soir sur Europe 1. © AFP
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Margaux Lannuzel
L'avocat de la famille de Sarah Halimi était l'invité de Wendy Bouchard, samedi soir sur Europe 1. Il est revenu sur la décision de la cour d'appel de Paris de juger pénalement irresponsable le suspect du meurtre de cette femme juive, battue à mort par son voisin, dénonçant "des sommets d'absurdité". 
INTERVIEW

"Vous avez des magistrats qui ont confisqué la justice". Deux jours après la décision de la cour d'appel de Paris de déclarer pénalement irresponsable Kobili Traoré, principal suspect du meurtre de Sarah Halimi, une sexagénaire juive, en 2017, l'avocat Francis Szpiner, conseil des enfants de la victime, ne décolère pas. 

 

"La jurisprudence Sarah Halimi"

"Tous les psychiatres qui l'ont examiné ont conclu qu'au moment des faits il était sous l'emprise d'une bouffée délirante. Tous les experts ont conclu que l'origine de cette bouffée délirante c'était la prise de toxiques, en l'espèce du cannabis", rappelle Francis Szpiner. "Et donc à partir de ce moment-là, la question qui se pose c'est : Est-ce que quand on prend une substance illicite, dont on sait qu'elle est dangereuse pour la santé, est-ce qu'on doit assumer les conséquences ?" Pour l'avocat, "la cour d'appel, en réalité, vient d'instaurer une nouvelle jurisprudence, la jurisprudence Sarah Halimi." 

"C'est, d'un point de vue philosophique, une aberration", estime Francis Szpiner. "Et si nous allons au bout du raisonnement de la cour, Monsieur Traoré aujourd'hui ne souffre d'aucune pathologie. Il n'a aucune affection psychiatrique. Il n'est pas schizophrène, il est parfaitement normal (...) Le préfet va prendre un décret d'enfermement et évidement l'avocat de monsieur Traoré, dans un délai forcément rapide, contestera devant le juge des libertés et de la détention cette mesure d’internement puisque son client aujourd'hui ne souffre d'aucune pathologie !" 

"Je demande qu'il y ait un débat public"

"Quand il était en hôpital psychiatrique, il avait réussi par l'intermédiaire d'un membre de sa famille à se procurer du cannabis", affirme encore Francis Szpiner. "Et ça avait eu des effets ,puisqu'il n'était plus lui même et il commençait à poser problème. Monsieur Traoré demain, libre, s'il reprend du cannabis, peut refaire une bouffée délirante. Il peut être à nouveau dangereux. Est-ce qu'une deuxième fois on le déclarera irresponsable ?"

Jugeant "l'émoi" soulevé par cette affaire "légitime", l'avocat dit sa "colère" et son "dégoût". "Je ne demande pas qu'on cède à la dictature de l'émotion, je demande qu'il y ait un débat public, contradictoire", souligne-t-il, rappelant que la décision d'irresponsabilité pénale a pour conséquence l'absence de procès d'assises. "Nous avons eu un débat tronqué, qui a duré à peine trois heures". La famille qu'il représente a décidé de se pourvoir en cassation.