Marche blanche à Meaux pour réclamer "la vérité" sur la mort d'un détenu

Les proches du jeune homme de 28 ans décédé à la prison de Meaux ne croient pas à la version officielle.
Les proches du jeune homme de 28 ans décédé à la prison de Meaux ne croient pas à la version officielle.
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Europe 1 avec AFP
Cinq jours après la mort d’un détenu de la prison de Meaux, plusieurs centaines de personne ont participé à une marche blanche jusqu’à l’établissement pénitentiaire. Le jeune homme de 28 ans était décédé après une altercation avec des surveillants. Deux enquêtes, l’une judiciaire et l’autre administrative, ont été ouvertes.

Plusieurs centaines de personnes ont participé dimanche à une marche blanche jusqu'à la prison de Meaux (Seine-et-Marne) pour réclamer "la vérité" sur la mort d'un détenu de 28 ans, des faits qui font l'objet de deux enquêtes, judiciaire et administrative. Vêtus de T-shirts noirs frappés du slogan "Justice pour Jimony" et de menottes ensanglantées, les manifestants, parmi lesquels la militante anti-violences policières Assa Traoré, ont marché en silence dans le froid jusqu'à l'entrée du centre pénitentiaire, où ils ont scandé "On veut la vérité" et "Pas de justice, pas de paix".

"Il se serait opposé violemment à son menottage"

Jimony Rousseau est décédé mardi à l'hôpital de Jossigny, huit jours après y avoir été transporté par le Samu en arrêt cardio-respiratoire.  Selon les premiers éléments de l'enquête, livrés mercredi par la procureure de Meaux Laureline Peyrefitte, le détenu aurait refusé, le 25 janvier, "de réintégrer sa cellule depuis la cour de promenade, et adopté un comportement tour à tour très agité et agressif". "Il se serait opposé violemment à son menottage, notamment en mordant au sang l'un des surveillants".

Lors de son transfert au quartier disciplinaire, "les surveillants constatant qu'il était devenu subitement calme, ont appelé l'unité médicale". Le jeune homme a ensuite été emmené à l'hôpital par le Samu, en arrêt cardiovasculaire. L'autopsie réalisée mercredi a conclu à "l'existence d'un oedème cérébral dû à un arrêt cardiaque prolongé", selon la procureure, qui a assuré que les "ecchymoses et contusions" retrouvées sur son corps n'avaient "pas eu d'incidence sur le processus mortel". "Les causes plus précises du décès seront ainsi à rechercher dans des examens complémentaires approfondis qui vont être très prochainement effectués", a ajouté la procureure.

"Mon frère était en bonne santé, on nous dit qu'il a fait une crise cardiaque, je n'y crois pas"

Dimanche, la soeur du jeune homme a lancé "un appel à témoins" à l'adresse des détenus, des surveillants et de la direction du centre pénitentiaire. "Mon frère était en bonne santé, on nous dit qu'il a fait une crise cardiaque, je n'y crois pas", a-t-elle lancé aux manifestants réunis devant l'entrée de la prison. "Assa Traoré a dit que les Noirs et les Arabes n'étaient pas en sécurité dans ce pays, on en a la preuve", a ajouté la tante du jeune homme.

Le parquet a ouvert une information judiciaire pour "recherche des causes de la mort", confiée à la police judiciaire de Versailles.  Les enquêteurs ont commencé vendredi à entendre la hiérarchie de la prison, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.  Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a de son côté diligenté une inspection afin de "faire toute la lumière sur cette affaire". Le détenu décédé était incarcéré depuis le 6 janvier en attente de son procès pour "des faits de violences habituelles par conjoint" et rébellion.