Malgré des relations sexuelles très agréables, je n'ai pas d'orgasme, est-ce grave ?

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Europe1.fr
Vendredi dans Sans rendez-vous, l'émission Santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous explique pourquoi l'atteinte de l'orgasme peut prendre du temps.

En avoir ou pas, telle est LA question. L'absence d'orgasme peut être source de doutes, de frustration, de remise en question de la part des deux partenaires. Mais une relation sexuelle sans orgasme est-elle forcément ratée ? Sûrement pas, répond la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc, vendredi, dans Sans rendez-vous, l'émission Santé d'Europe 1. Elle nous incite à prendre le temps de nous découvrir, de cheminer, pour mieux le laisser venir.

La question de Pauline, 34 ans

"Lorsque je fais l'amour avec mon copain avec qui je suis depuis trois mois, j'ai du plaisir mais pas d'orgasme. C'est pourtant une relation très chouette et même la meilleure relation que j'ai pu avoir. Est-ce que je suis nulle ?"

La réponse de Catherine Blanc 

"Cela arrive à toutes les femmes de ne pas avoir d'orgasme, jusqu'à ce qu'elles y arrivent. Et elles y arrivent non pas parce qu'elles se sont affublées d'être 'trop nulles, trop bêtes ou incapables'. Mais parce qu'elles ont cheminé tranquillement dans la découverte de leurs possibilités, laissant petit à petit de côté leur pudeur, osant la relation avec un peu plus d'interactivité. Et ce qui est super, c'est que Pauline dit que sa relation est chouette. Elle est sur ce chemin là mais elle est trop impatiente. On est dans une société où il faudrait tout tout de suite.

L'orgasme, c'est formidable mais on est dans un truc qui dure l'espace de quelques secondes. L'orgasme est un pic qui immédiatement demande de retomber. Pauline voudrait ce moment qui lui échappe. Hors, elle est dans une relation où il y a encore la nécessité de contrôler, de se protéger de l'autre, quand bien même elle est amoureuse. Assez naturellement, le processus se fait et on s'abandonne au fur et à mesure.

Y a-t-il un âge où ce lâcher-prise est plus facile ? 

C'est souvent autour de 40 ans que les femmes se libèrent, pour celles qui ont peiné à le faire avant. Elles laissent derrière elles leurs études, leurs preuves professionnelles, leur inscription sociale, leur bébé, leur compétence à être des mamans et elles arrivent en un temps où elles ont fait les 'preuves' de leur capacité. Souvent, les femmes se flagellent. Il leur faut du temps pour avoir fait leur 'preuve' de leurs compétence tous azimuts, pour que tout d'un coup elles se libèrent. C'est aussi le temps du deuil de leur fertilité. Tout d'un coup, cela devient une fertilité jouissive.

Les hommes non plus ne se lâchent pas comme ça. Certains éjaculent trop vite, d'autres mettent du temps, d'autres n'arrivent même pas à éjaculer, d'autres perdent leur érection alors qu'ils désirent follement leur partenaire... C'est compliqué et c'est tellement émouvant que ça le soit. Nous ne sommes pas des machines de guerre. C'est parce que c'est compliqué que chacun peut être délicat l'un vis à vis de l'autre, sans tomber dans la goujaterie, dans l'accusation de l'autre".