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Guillaume Perrodeau , modifié à
Chez Olivier Delacroix, Ludivine, de la région grenobloise, raconte son choix de ne pas allaiter son bébé, ce qui a parfois suscité l'incompréhension chez des personnes.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

À la naissance de leur enfant, certaines femmes choisissent d'allaiter alors que d'autres préfèrent le biberon, au sein. Ludivine, 34 ans, a choisi de ne pas allaiter son enfant, aujourd'hui âgé de 2 ans. Si les gens très proches autour d'elle ont su respecter sa décision, ce ne fut pas le cas de tout le monde, comme elle le confie à Olivier Delacroix mercredi.

 

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"Il faut que chacun fasse comme il veut"

"Dès 25 ans, j'ai commencé à sentir une pression sur le fait qu'il fallait que je sois mère. Régulièrement on me disait : 'c'est pour quand le petit ?' ou 'tu comptes faire un enfant bientôt ?' Si on a le malheur de dire qu'on ne veut pas être maman, en général, on a le droit à plusieurs réflexions. Quand on est femme, pour certains, on se doit d'être maman. On essaye de nous caser dans ce que certaines personnes pensent être la normalité. En réalité, il faut que chacun fasse comme il veut.

Lorsque j'ai été mère, j'ai fait le choix de ne pas allaiter mon enfant. Une décision que j'avais prise depuis longtemps. La grossesse était déjà quelque chose qui ne me faisait pas rêver : j'avais l'impression de ne pas être maîtresse de mon corps. Une fois la grossesse terminée, j'avais besoin de me retrouver en tant que femme et je ne me sentais pas capable d'allaiter. Depuis mon enfance, j'ai entendu beaucoup d'histoires violentes sur l'allaitement, sur les douleurs et les crevasses.

"J'ai eu le droit à : 'ton enfant va être débile'" 

Dans l'entourage proche et familial, j'ai eu la chance d'être vraiment soutenue dans ce choix. Ce sont des sujets qui sont assez libres dans ma famille proche et chacun fait comme il le souhaite. Ne pas me sentir culpabiliser par ma mère était important, tout comme savoir qu'elle était d'accord avec mon choix et qu'elle m'accompagnerait.

Par contre, dans l'entourage plus extérieur, des gens se sont permis des commentaires, parfois assez violents. La plupart du temps c'était : 'c'est dommage, tu as tout ce qu'il faut à disponibilité et c'est gratuit'. J'ai aussi eu le droit à : 'ton enfant va être débile, il ne pourra pas faire d'études car quand on n'est pas allaité, on n'a pas les nutriments nécessaires, il va être tout le temps malade'. J'aimais rétorquer, dans un sourire, que je n'avais pas été allaitée très longtemps, mais que j'avais quand même fait 5 ans d'études et quelque chose de ma vie. Je trouve ces commentaires aberrants, car le lait maternisé est très surveillé et on sait ce qu'il y a dedans.

J'ai un caractère assez fort donc j'ai pu surmonter tout ça, même si il m'est arrivée, quelques fois, d'avoir un sentiment de culpabilité en me demandant si j'avais fait le bon choix. Je pense qu'il y a une partie des gens qui a besoin de juger en permanence, et d'autres ont besoin de se rassurer en se disant qu'il faut faire comme ça. Ces assertions autour de l’allaitement ont aussi lieu car c'est ce que l'on nous apprend : une femme doit être comme ça."