Alexandre Jardin assure que des écrivains vont payer les amendes des libraires qui resteraient ouverts. 3:50
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Séverine Mermilliod , modifié à
Avec le confinement, les librairies ont été fermées mais certaines résistent et à Cannes, l'une d'entre elle a même écopé d'une amende. Des écrivains ont donc décidé de se mobiliser pour payer les amendes que recevraient ces libraires récalcitrants, assure l'écrivain Alexandre Jardin accompagné d'Olivier Nora, PDG des éditions Grasset dimanche sur Europe 1.
INTERVIEW

Avec le confinement, les librairies ont été fermées. Seul le "click and collect" a été autorisé. Et comme l'a annoncé Jean Castex jeudi, les règles ne vont pas changer avant le 1er décembre. Mais face à "la survie économique de la filière qui se joue" actuellement, certains libraires se rebellent. Et reçoivent des amendes pour être restés ouverts. L'écrivain Alexandre Jardin a réagi et affirmé sur Europe 1 dimanche que leurs amendes seront payées par des écrivains, en signe de soutien. Car comme le rappelle Olivier Nora, PDG des éditions Grasset, la période de novembre-décembre est cruciale et représente 25% du chiffre d'affaires annuel. 

Des écrivains vont payer les amendes des libraires

"Un Etat n'a pas le droit moral de fermer des librairies. Le métier de l’Etat est de favoriser la pensée, la culture. Nous sommes les seuls en Europe à avoir des librairies fermées", s'est indigné Alexandre Jardin. "Aucun gouvernement n’est assez légitime pour prendre cette responsabilité. La culture française ne leur appartient pas, elle appartient à la population", a-t-il ajouté.

Il estime que les écrivains doivent donc être solidaires des libraires et affirme que "les écrivains français ont décidé samedi que, lorsqu'un libraire recevra une amende, les écrivains les paieront." Celle qu'une libraire de Cannes devrait recevoir pour être restée ouverte va ainsi être payée par l'auteur Didier van Cauwelaert, qui est le parrain de cette librairie. "La librairie suivante ce sera moi, ensuite ce sera un autre", a affirmé Alexandre Jardin. "Nous n'acceptons pas que des flics débarquent pour faire fermer des librairies."

Une filière "asséchée"

"Nous sommes tous conscients de la gravité de la situation sanitaire", a toutefois assuré Olivier Nora, qui rappelle qu'il "n’y a pas eu un cluster dans une librairie, et que les libraires sont ultra responsables". Il estime également que la fermeture pour 15 jours supplémentaire est une situation catastrophique car "le click and collect rapporte (seulement) entre 10 et 15% du chiffre d’affaires" habituel. D'autant plus problématique selon lui que la période de novembre-décembre représente 25% des gains annuels. "Dans un pays qui parle d'exception culturelle", fermer des librairies est donc selon lui un non-sens.

Pour l'écrivain comme pour le PDG de Grasset, "le livre est un produit de première nécessité, qu’il faut donc aider", au risque de voir "toute la chaîne asséchée" par des acteurs tels qu'Amazon.