Les personnels hospitaliers manifestent mardi dans toute la France. 0:50
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Eve Roger et Joanna Chabas, édité par Céline Brégand
Olivier Véran a proposé une enveloppe de six milliards d'euros pour augmenter les salaires des personnels hospitaliers non médicaux, et 300 millions pour revaloriser les salaires des médecins hospitaliers. Insatisfaits par ces annonces, soignants et médecins se mobilisent partout en France mardi.
INTERVIEW

Les personnels hospitaliers et les médecins organisent une journée de mobilisation mardi. Des manifestations sont prévues partout en France, comme des grèves dans de nombreux établissements. Un mois après le début du Ségur de la Santé, Olivier Véran a proposé le 24 juin six milliards d'euros pour revaloriser les salaires des personnels non médicaux, et 300 millions pour les salaires des médecins hospitaliers lundi. Des annonces qui ne satisfont ni les syndicats, ni les soignants, ni les médecins.

"On est en train de signer la mort programmée de l'hôpital public"

Les nouvelles annonces du ministre de la Santé lundi concernant la revalorisation des salaires des médecins hospitaliers n'ont pas satisfait les syndicats qui demandaient sept milliards d'euros. Les 300 millions comprendraient des hausses de salaires ciblées sur le début et la fin de carrière des praticiens hospitaliers, ainsi qu'une revalorisation de plusieurs primes et du temps de travail additionnel. 

"C'est une douche glaciale", réagit Jean-François Cibien, l'un des négociateurs et le vice-président d'Action praticiens hôpital qui considère cette somme inadmissible. "Aujourd'hui, avec l'ensemble des mesures annoncées, on est en train de signer la mort programmée de l'hôpital public mais... qu'on nous le dise !" s'emporte-t-il.

Jean-François Cibien craint que les jeunes médecins ne fuient l'hôpital public pour le privé. "Nos jeunes collègues hospitaliers commencent aujourd'hui, après dix ans d'études, entre 3.500 et 3.700 euros nets par mois. Dans le privé, les salaires sont le triple, le quadruple ou le quintuple quand vous commencez votre carrière", appuie-t-il. "Si on veut garder les praticiens à l'hôpital, on leur verse un salaire en conséquence avec leur niveau d'études et leur niveau de responsabilité. Il y a un rattrapage à faire", résume-t-il. 

"À Bichat, au moins 100 postes d'infirmières sont vacants"

Les personnels hospitaliers, eux, sont encore exaspérés. Ils ne savent pas combien ni pour qui sont ces six milliards, ni si le gouvernement va mettre de l'argent sur la table pour recruter du personnel, un recrutement indispensable selon Olivier Milleron, cardiologue à l'hôpital Bichat à Paris et membre du Collectif Inter-Hôpitaux. "Après le Covid, les gens sont clairement épuisés", souligne-t-il sur Europe 1 mardi.

Alors qu'un "espoir est né avec les propos des politiques au moment où les soignants ont été traités de héros, aujourd'hui, concrètement, à Bichat, où on a fait beaucoup de Covid, au moins 100 postes d'infirmières sont vacants", explique le cardiologue. "Comment imaginer que si on a une deuxième vague on puisse faire face ?", s'inquiète-t-il.

Pour Olivier Milleron, "c'est donc d'autant plus préoccupant" que, s'il ne ressort rien "rapidement" du Ségur de la Santé, "beaucoup de gens vont quitter l'hôpital public avec une déception énorme", ce qui ne va faire "qu'aggraver la situation sanitaire dans les hôpitaux en cas d'afflux dans les prochaines semaines".