Les médecins bientôt contraints de trier des patients ? "C'est faux !", s'insurge Patrick Pelloux

  • Copié
Ugo Pascolo , modifié à
Invité d'Europe Soir, le médecin-urgentiste Patrick Pelloux estime que l'heure d'un tri des patients à l'hôpital n'est pas encore arrivée, contrairement à ce qu'ont affirmé dans une tribune une quarantaine de soignants ce week-end. Pour lui, "ce n'est pas la bérézina". 
INTERVIEW

Une quarantaine de médecins, directeurs de crise des hôpitaux parisiens de l'AP-HP, ont lancé un cri d'alerte ce week-end dans le Journal du Dimanche, estimant que la flambée épidémique et l'augmentation des cas de Covid-19 allaient bientôt contraindre les services de réanimation à trier les malades pour sauver plus de vies. Mais pour Patrick Pelloux, tout cela "est faux !".

"Ce n'est pas la bérézina"

Au micro d'Europe 1, le médecin-urgentiste et président de l'Association des médecins urgentistes de France, très en colère, rappelle que "la fameuse notion de tri a organisé les 30 dernières années de notre système de santé. Si vous avez un infarctus, on vous emmène dans un service de cardiologie, en quelque sorte c'est un tri." Toujours sur le même ton, l'urgentiste revient également sur la notion de "tri de médecine de catastrophe", utilisé par les auteurs de la tribune. "Ils ignorent ce que c'est ! La grandeur et la modernité de la médecine de catastrophe est justement que l'on n'ignore personne."  

Qualifiant ce cri d'alerte d'une quarantaine de médecins de "véritable coup politique", Patrick Pelloux affirme, "tableur du service des urgences" de l'hôpital Necker-Enfants malades à l'appui, qu'il y a certes "une activité de patients à prendre en charge sur la Covid-19", mais que cette dernière n'augmente pas. "Ce n'est pas du tout comme en mars l'an dernier [lors du premier confinement, ndlr], ce n'est pas la bérézina."

"Vacciner, vacciner, vacciner"

"Ils [les signataires de la tribune, ndlr] veulent un confinement dur comme l'an dernier, ils veulent fermer la France, mais on a vu les conséquences", poursuit-il en évoquant une "dictature médicale". "En deux mois on a eu une crise sociale monstrueuse, une exclusion scolaire, et les psychiatres et pédopsychiatres sont débordés." 

Selon Patrick Pelloux, il n'y a qu'une solution pour sortir de cette crise : "vacciner, vacciner, vacciner". "Regardez certains pays comme Israël, le Maroc, les États-Unis, la Grande-Bretagne... Ils ont cassé la chaine épidémique et sont en train de redémarrer le pays."