Le coronavirus est-il en train de simplifier la libération de certains détenus ?

De plus en plus d'avocats demandent une remise en liberté pour leurs clients.
De plus en plus d'avocats demandent une remise en liberté pour leurs clients. © PATRICK KOVARIK / AFP
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Jean-Luc Boujon, édité par Ugo Pascolo
Alors que les prisons ne sont pas épargnées par le coronavirus, de plus en plus d'avocats demandent des remises en liberté pour leurs clients. Des requêtes plus souvent susceptibles d'être acceptées pour les détenus en fin de peine.

Le coronavirus peut-il conduire à la libération de certains détenus ? Alors que l'épidémie poursuit sa progression en France, l'inquiétude grimpe dans les prisons, où l'on dénombre déjà un mort, 34 cas positifs (dont 24 fonctionnaires) et 500 détenus confinés. Dans ce contexte, de nombreux avocats tentent d'obtenir des aménagements de peine, voire des libérations, pour leurs clients. C'est même l'essentiel de leur activité depuis l'annulation des audiences à cause du Covid-19.

Deux fois plus de demandes de remise en liberté

Poussés par l'inquiétude des familles des détenus, les avocats réclament deux fois plus de remise en liberté qu'en temps normal. S'il est inenvisageable que cette procédure aboutisse pour la grande majorité des prisonniers, cela devient en revanche possible pour les détenus qui sont en fin de peine, avec moins de six mois à passer encore derrière les barreaux. D'autant que les juges semblent avoir pris la mesure de la situation à en croire Me Arnaud Levy-Soussan, avocat au barreau de Grenoble. 

Une bienveillance, sans laxisme, ni permissivité

"Le taux de réponse positive aux demandes de remise en liberté est bien plus important en ce moment", affirme-t-il au micro d'Europe 1. "Quand les dossiers étaient tangents, les magistrats hésitaient. Ce n'est plus le cas." Affirmant avoir eu une vingtaine de cas, il a pu observer "un certain retour positif pour des clients en fin de peine. Même si on ne peut pas dire que cela fonctionne à tous les coups." Et de préciser : "Il n'a jamais été question dans l'esprit des magistrats d'ouvrir les portes de la prison et de dire 'lorsqu'il vous reste telle période à faire, vous pouvez sortir automatiquement.'"

Une nouvelle approche plus bienveillante confirmé par le parquet de Grenoble qui insiste sur le fait que cela n'engendre ni laxisme, ni permissivité. Néanmoins, les dossiers sont désormais examinés à l'aune de ce nouveau risque sanitaire, et les certificats médicaux prennent davantage d'importance qu'à l'accoutumée.